Les riverains des vignobles plus exposés que les autres aux pesticides

Publié : 15 septembre 2025 à 18h59 par
Fabienne Lacroix - Journaliste

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C’est le résultat d’une étude sanitaire publiée ce lundi.

Vigne
Crédit : Alouette | DLB

Près de 3 000 personnes auscultées en 2021-2022 : très attendue, l'étude PestiRiv, dévoilée lundi par deux agences sanitaires, a mesuré la présence de 56 substances dans l'urine et les cheveux de 1.946 adultes et 742 enfants, ainsi que dans l'air extérieur, les poussières et l'air des habitations, plus quelques potagers.

D'une ampleur inédite, cette enquête a porté  sur 265 sites dans six régions viticoles dont le Grand Ouest et la Nouvelle-Aquitaine.

Ce travail de Santé publique France et de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a aussi recherché d'autres sources d'exposition potentielles (alimentation, modes de vie).

Les résultats montrent que les riverains des vignobles "sont plus exposés aux produits phytopharmaceutiques (fongicides, herbicides, insecticides ndlr) que ce(ux) vivant loin de toute culture".

La majorité des substances, spécifiques à cette culture (folpel, métirame) ou pas (glyphosate, fosétyl-aluminium, spiroxamine...), ont été retrouvées près des vignes - culture choisie pour sa forte consommation de ces produits et sa proximité des habitations.

En zone viticole ont été retrouvés des niveaux de contamination parfois supérieurs de "45% dans les urines", "plus de 1.000% dans les poussières", "12 fois" plus grands dans l'air ambiant, comparés aux zones éloignées de toute culture, a détaillé à la presse Clémence Fillol (SpF).

En période de traitement des cultures, les "niveaux de contamination pouvaient augmenter de jusqu'à 60% dans les urines ou selon les pesticides mesurés", de "plus de 700% dans les poussières", et jusqu'à "45 fois dans l'air ambiant", a-t-elle poursuivi.

Deux facteurs principaux sont apparus dans cette exposition : elle augmente avec la quantité de pesticide épandue et diminue avec l'éloignement des vignes, a précisé Ohri Yamada (Anses).

La durée d'aération du logement et du temps passé à l'extérieur jouent aussi, dans une moindre mesure.

Les enfants de 3 à 6 ans étaient plus imprégnés, car "davantage en contact avec le sol" ou portant les mains à leur bouche, "par leur apport alimentaire aussi", a précisé Mme Fillol.

Les moins de trois ans n'ont pas été inclus, les scientifiques invoquant des difficultés concrètes (recueil d'urine...).

Et trop peu de viticulteurs et ouvriers agricoles ont participé pour établir une imprégnation spécifique.

Autre constat, cette photographie n'évalue pas les effets de ces expositions sur la santé.

"Nous ne disposons pas aujourd'hui de lien entre les niveaux d'imprégnation retrouvés et des éléments cliniques en santé humaine", comme certaines pathologies, notamment des cancers, a résumé Benoît Vallet, directeur général de l'Anses.

D'autant que d'autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc) peuvent influer.

Cette étude "ne prétend pas répondre à toutes les questions", a souligné Caroline Semaille, directrice générale de SpF, et "d'autres grandes enquêtes avec l'Anses viendront compléter ses premiers résultats".

(avec AFP)