Les sénateurs tentent de freiner Shein et Temu
Publié : 2 juin 2025 à 12h14 par Nicolas Mézil avec AFP
Shein et Temu dans le viseur. Une proposition de loi pour freiner la "fast fashion" est examinée ce lundi 2 juin au Sénat pour légiférer contre cette mode "éphémère" ou "jetable" expédiée à prix cassés depuis la Chine.
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Peu coûteux, de piètre qualité, faciles à commander, souvent très polluants et constamment renouvelés, ces vêtements qui saturent le marché et concurrencent les acteurs historiques de l'industrie textile verront-ils leur afflux en France bientôt régulé ?
C'est tout l'objet du texte examiné ce lundi soir à la chambre haute. Portée par la députée Horizons Anne-Cécile Violland, la proposition de loi pour "réduire l'impact environnemental de l'industrie textile" a pris la poussière pendant plus d'un an sur le bureau du Sénat, après son adoption en mars 2024 à l'Assemblée nationale.
Le phénomène, lui, ne s'est pas arrêté : entre 2010 et 2023, le nombre de vêtements mis sur le marché en France est passé de 2,3 milliards à 3,2 milliards. Plus de 48 vêtements par habitant sont mis sur le marché chaque année en France et 35 sont jetés chaque seconde dans le pays, selon l'Ademe, l'agence de l'environnement.
"Aujourd'hui, ces géants de la mode ultra éphémère envahissent le marché sans aucun contrôle. Il faut établir des règles, les frapper le mieux possible et le plus fort possible", martèle Sylvie Valente Le Hir, sénatrice Les Républicains chargée de rapporter le texte au Sénat.
Un système de bonus-malus
Parmi les mesures phares, l'établissement dans la loi d'une définition de la "fast fashion", avec des critères basés sur les volumes fabriqués, la vitesse de renouvellement des collections ou encore la limitation de la "durée de vie" des produits et la "faible incitation" à les réparer.
Les entreprises visées auraient ensuite des obligations comme celle de sensibiliser les consommateurs à "l'impact environnemental" de leurs vêtements.
La proposition de loi prévoit également des sanctions renforcées pour ces plateformes à travers un système revu de "bonus-malus" tenant compte des "coûts environnementaux" d'une production excessive.
Sur ce dispositif, une divergence semble apparaître entre l'Assemblée nationale et le Sénat. Les députés souhaitent lier ces pénalités à "l'affichage environnemental" des produits, une méthode récente de notation.
Mais le Sénat, en accord avec le gouvernement, a supprimé cette référence en commission, préférant des critères liés à la "durabilité" et aux "pratiques commerciales" propres à ces plateformes.
Une nouvelle rédaction qui entend viser davantage "l'ultra fast fashion" des asiatiques Shein et Temu, tout en préservant d'autres entreprises européennes ou françaises qui auraient pu être concernées par le texte voté à l'Assemblée.