A Notre-Dame-des-Landes, l'occupation se poursuit malgré les menaces d'évacuation

24 juillet 2015 à 6h57 par Rédaction Alouette

ALOUETTE

"On continue � vivre normalement": � Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), l'occupation du site d�di� au projet contest� d'a�roport se poursuit avec "s�r�nit' et les projets se multiplient, malgr� les menaces d'expulsion des occupants avant le d�but des travaux.

Une semaine apr�s le rejet des recours environnementaux d�pos�s par les opposants au futur a�roport par le tribunal administratif de Nantes, qui a ainsi valid� les arr�t�s pr�fectoraux autorisant les travaux, suspendus depuis 2012, les seuls t�moins de chantiers pr�sents dans le bocage nantais sont une scierie mobile pour le bois et une moissonneuse pour le bl�.

A la ferme de Saint-Jean-du-Tertre, vis�e par une expulsion avort�e en avril 2014, des monticules de bois, pin maritime et bois de douglas coup�s pendant l'hiver dans les for�ts des environs, attendent de passer � la scie d'un groupe de "r�sistants", la plupart torse nu et en short sous le soleil de juillet.

"Le matin, on d�jeune ensemble et on se r�partit les diff�rentes t�ches sur la scierie: certains vont �corcer le bois, d'autres aller chercher les grumes ou les nettoyer", explique Greg, arriv� il y a un an sur la "Zad" - "zone d'am�nagement diff�r' d�di�e au projet d'a�roport, rebaptis�e "zone � d�fendre" par les occupants qui d�noncent l'insuffisance des mesures compensatoires pr�vues pour la destruction des zones humides et de quelque 100 esp�ces prot�g�es, ou leur d�placement.

Cette "campagne de sciage" doit durer quelques semaines. Une fois travaill�, le bois servira � la dizaine de chantiers destin�s � r�nover ou construire d�s la mi-ao�t granges, corps de ferme ou salle de r�union, sorte de "pied-de-nez" pour Greg, apr�s les d�molitions de cabanes lors des tentatives d'expulsion de l'automne 2012, mais aussi "une nouvelle fa�on d'envisager d'habiter un territoire".

- "On s'installe" -

Dans un champ voisin, � c�t� de quelques plants de vigne, une moissonneuse lieuse, machine agricole des ann�es 50, a remplac� la moissonneuse batteuse, le temps de faire quelques gerbes de bl�. Au total, 16 hectares seront r�colt�s pendant les moissons estivales, qui se cl�tureront par une f�te des battages, en septembre.

Outre le bl�, du sarrasin a �t� sem� en mai "pour occuper les terres et montrer qu'on peut faire autre chose que du b�ton", souligne Micha�l, install� depuis quatre ans � Notre-Dame-des-Landes, "serein et confiant" dans l'abandon du projet d'a�roport, qui devait initialement �tre inaugur� en 2017.

Form� au mara�chage bio, le jeune homme s'est mu� en meunier, apprenant "sur le tas la culture des c�r�ales", avec "l'aide des paysans des alentours". Depuis l'achat d'un moulin il y a un an, "une dizaine de tonnes de farine" a �t� produite pour alimenter les fournils install�s sur la Zad, mais aussi fournir en pain les bourgs alentours et les "autres luttes", � Sivens (Tarn) ou Roybon (Is�re) notamment.

"En cultivant des c�r�ales, en pensant les rotations � long terme, en installant une meunerie, des infrastructures pareilles, ce n'est pas pour rester six mois, c'est pour rester des ann�es. Ici on s'installe", pr�vient Micha�l, souhaitant "bien du courage" aux forces de l'ordre, pour l'instant invisibles, si elles "veulent intervenir".

En cas de tentative d'expulsion, les 200 comit�s anti-"NDDL" crÈs dans toute la France sont "pr�ts � agir" pour se mobiliser sur le terrain et "bloquer tous les lieux de pouvoir de la r�gion", assure Cyril Bouligand, agriculteur et membre de Copain 44 (Collectif des organisations professionnelles agricoles indign�es par le projet d'a�roport).

"On continue � vivre normalement, parce qu'on sait que ce n'est pas la fin des recours, que ce n'est pas la fin de la lutte. Le combat continue (...), on continue nos r�flexions sur ce qu'on veut faire de la zone, comment y vivre en harmonie" une fois le projet abandonn�, souligne-t-il.

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(AFP)