Coronavirus : après les annonces présidentielles, plusieurs questions en suspens

15 avril 2020 à 7h08 par Arnaud Laurenti

Écoles, seniors, commerces, masques, tests... De nombreuses questions restent en suspens sur les modalités du déconfinement "progressif" annoncé lundi soir par Emmanuel Macron qui a chargé le gouvernement de présenter d'ici à 15 jours le plan de "l'après 11-mai".

ALOUETTE
Crédit : Capture écran | YouTube

Si les grandes lignes ont été tracées, de nombreuses interrogations subsistent. On fait le point.

11 mai : un objectif

Que se passera-t-il le lundi 11 mai ? "C'est une date d'objectif : ce n'est pas le déconfinement le 11 mai, c'est le confinement jusqu'au 11 mai", a souligné mardi matin le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner en appelant à la "discipline" des Français. Lundi, le chef de l'État avait déjà conditionné la fin du déconfinement au "respect des règles" et au ralentissement effectif de la propagation du virus. Et une source gouvernementale met déjà en garde: "Si on constate qu'il y a eu un relâchement général avant le 11 mai et qu'on voit le taux de contagiosité augmenter, on constatera que ce qu'on avait réussi à enclencher ne s'est pas installé dans la durée, ce sera de nature à remettre en cause la date du 11".

"Personnes âgées" : quel âge ?

Outre les personnes "les plus vulnérables", "en situation de handicap sévère" ou "atteintes de maladies chroniques", les "personnes âgées" seront invitées à rester confinées après le 11 mai, a expliqué lundi Emmanuel Macron, sans préciser de borne d'âge.

Le 12 mars, lors d'une première allocution télévisée avant le confinement général, mais qui préconisait la limitation des déplacements aux plus fragiles, le chef de l'État s'était livré à une énumération similaire, cette fois en visant "les personnes âgées de plus de 70 ans".

L'OMS définit pour sa part une "personne âgée" comme celle ayant atteint soixante ans.

École : pas de réouverture pour tous les établissements

"À partir du 11 mai, nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées", mais dans l'enseignement supérieur, les cours ne reprendront "physiquement pas avant l'été", a indiqué Emmanuel Macron.

Mais "toute les écoles ne seront pas ouvertes" à cette date, a prévenu mardi le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, selon qui "en mai-juin, ce ne sera pas du tout comme avant".

La reprise progressive "implique forcément qu'on ne va pas avoir les mêmes âges qui rentrent au même moment", et "il ne pourra pas y avoir de grands groupes" dans les classes, a-t-il encore affirmé, en renvoyant pour l'heure à "l'élaboration d'une méthodologie".

Quels élèves rentreront en classe en premier? Ceux qui sont le plus en difficulté, a-t-il laissé entendre, en faisant valoir un critère "d'abord social".

Dès lundi soir, l'annonce du président de la République a suscité l'inquiétude de nombreux enseignants.

Commerces : qui pourra rouvrir ?

Quels commerces, outre ceux de première nécessité restés ouverts, pourront de nouveau accueillir des clients à la mi-mai ? Pas plus de précisions pour l'instant. Mais Emmanuel Macron a d'ores et déjà indiqué que "les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées, resteront fermés".

Aides aux plus démunis : premiers détails présentés ce mercredi

Pour "les plus fragiles et les plus démunis", notamment les "familles les plus modestes avec des enfants", le président de la République a promis "une aide exceptionnelle", sans en définir les contours.

"On va en discuter dans les jours qui viennent, je ne peux pas vous dire aujourd'hui, très sincèrement, quelle forme va prendre cette aide", a expliqué mardi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire en confirmant qu'" il faudra une aide pour ceux qui aujourd'hui prennent cette crise de plein fouet et n'ont pas les ressources ou les moyens pour y faire face", en citant, comme l'avait fait Emmanuel Macron, "les étudiants".

Le Premier ministre a quant à lui cité mardi, lors des questions au gouvernement, "ceux qui se trouvent en fin de droits, les bénéficiaires du RSA, les familles dont les membres actifs se trouvent avec très peu de moyens et avec plusieurs enfants", et indiqué que les modalités seraient présentées mercredi lors du Conseil des ministres. Quand pourront-ils bénéficier de cette aide ? "À l'horizon de la mi-mai", a-t-il répondu.

Les détails devraient être présentés ce mercredi à l'issue du Conseil des ministres.

Masques : vers une distribution au grand public

Source de polémique depuis plusieurs semaines, les masques n'ont pas pu être distribués "autant que nous l'aurions voulu", a reconnu Emmanuel Macron. À partir du 11 mai, en "lien avec les maires, l'Etat devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public", a-t-il dit.

Mardi, Christophe Castaner a assuré que "14 millions seront distribués d'ici le 26 avril" et 40 millions supplémentaires ont été commandés.

Le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué que ces masques seraient désormais "probablement disponibles" gratuitement dans les mairies. "L'hypothèse de procéder à partir des collectivités locales, des mairies, est effectivement une des hypothèses que nous envisageons", a-t-il assuré, en décrivant des masques, ni chirurgicaux, ni FFP2, mais qui "auront aussi la capacité d'être lavables et donc d'être utilisables plusieurs fois".

Quarantaine à l'hôtel ?

Faudra-t-il isoler les personnes testées positives au Covid-19, alors qu'Olivier Véran a promis une multiplication des points de dépistage ?

"Toutes les possibilités sont à l'étude, nous n'excluons rien", y compris une éventuelle réquisition d'hôtels, a assuré le ministre de la Santé.

(avec AFP)