Deux blessés à l'arme blanche à Paris près des anciens locaux de Charlie Hebdo

25 septembre 2020 à 10h50 par Arnaud Laurenti

Une attaque à l'arme blanche a fait deux blessés vendredi à Paris près des anciens locaux de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, en plein procès de l'attentat meurtrier qui l'avait visé en janvier 2015, et un "suspect" rapidement interpellé par la police.

ALOUETTE
Crédit : Alouette

Un premier bilan de la préfecture de police (PP) faisait état de quatre blessés dont deux en "urgence absolue", avant d'être revu à la baisse. Le suspect a été interpellé par la police près de la place de la Bastille, a précisé la PP. Une deuxième personne a été placée en garde à vue selon une source judiciaire.

Un périmètre de sécurité a été établi autour des anciens locaux de Charlie Hebdo, situés dans le XIe arrondissement, pour un "colis suspect", a ajouté la préfecture.

Le parquet antiterroriste a annoncé être saisi.

Important déploiement des forces de l'ordre

La BRI a été mobilisée et le laboratoire central de la préfecture se rend sur place, a encore dit la PP, invitant à "éviter le secteur". Une cellule de crise a été ouverte au ministère de l'Intérieur, où le ministre Gérald Darmanin et le Premier ministre Jean Castex devaient se rendre "en urgence".

Cinq écoles ont également été confinées dans le périmètre, a indiqué à l'AFP le rectorat de Paris

Le Samu a de son côté indiqué avoir déclenché sa cellule de crise opérationnelle, tandis que la RATP a déclaré avoir "complètement fermé au public" la station de métro Bastille par "mesure de sécurité".

La rue Nicolas Appert, où se trouvaient les locaux du journal, est bloquée, avec une dizaine de policiers en armes déployés sur place, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Vers midi, on est allé faire une pause déjeuner au restaurant. En arrivant, la patronne s'est mise à crier +partez, partez+, il y a un attentat... On est partis en courant s'enfermer et rester à l'intérieur de notre boutique avec quatre clients", a raconté à l'AFP Hassani Erwan, 23 ans, un coiffeur situé au coin de la rue Saint-Sabin et la rue Verte.

"Extrêmement choquée par l'attaque meurtrière à proximité des anciens locaux de #CharlieHebdo, dans un arrondissement de Paris qui a déjà payé un lourd tribu à la violence terroriste", a réagi sur Twitter la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse.

Menaces récentes

Cette attaque survient alors que la rédaction de Charlie Hebdo fait l'objet de nouvelles menaces depuis que l'hebdomadaire a republié des caricatures de Mahomet le 2 septembre, à l'occasion de l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015, qui doit se tenir jusqu'au 10 novembre.

Après une courte suspension au procès, l'audience a repris sans aucune mention par la cour d'assises spéciale de Paris de cette attaque, selon une journaliste de l'AFP.

En début de semaine, la directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo, Marika Bret, avait été exfiltrée de son domicile en raison de menaces jugées sérieuses.

À la suite de ces menaces, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait demandé à ce "qu'on puisse réévaluer les menaces qui pèsent sur les journalistes et les collaborateurs de Charlie Hebdo".

Près d'une centaine de médias (journaux, magazines, chaînes de télévision et radios) ont publié en réaction mercredi une lettre ouverte appelant les Français à se mobiliser en faveur de la liberté d'expression.

"Aujourd'hui, en 2020, certains d'entre vous sont menacés de mort sur les réseaux sociaux quand ils exposent des opinions singulières. Des médias sont ouvertement désignés comme cibles par des organisations terroristes internationales", pouvait-on lire dans cette lettre intitulée "Ensemble, défendons la Liberté".

Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi avaient attaqué la rédaction de Charlie Hebdo à l'arme de guerre, y assassinant 12 personnes, dont les dessinateurs historiques Cabu et Wolinski, avant de prendre la fuite.

Leur périple meurtrier avait pris fin dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) où ils s'étaient retranchés avant d'être tués dans un assaut du GIGN.

(avec AFP)