Hôpitaux : un millier de médecins s'apprêtent à démissionner de leurs fonctions administratives

14 janvier 2020 à 5h14 par Arnaud Laurenti

Plus d'un millier de médecins hospitaliers, dont 600 chefs de service, menacent de "démissionner collectivement" de leurs fonctions administratives si la ministre de la Santé refuse de revoir le budget et le salaires de l'hôpital.

ALOUETTE
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Dans une lettre publiée sur le site du journal Libération, les signataires dénoncent "l'insuffisance du plan d'urgence" dévoilé en novembre par Agnès Buzyn. "L'hôpital doit être réformé, mais il n'y a pas de grande réforme possible sans moyens", écrivent-ils.

La ministre de la Santé prévenue depuis mi-décembre

"C'est pour vous alerter solennellement que nous avons pris en toute responsabilité, la décision inédite et difficile de démissionner collectivement à partir du 14 janvier 2020 si à cette date des négociations ne sont pas engagées", préviennent ces "chefs de service, responsables d'unités fonctionnelles" et autres "responsables de pôles" issus de toute la France. Plus de la moitié d'entre eux s'étaient engagés mi-décembre à envoyer cette lettre à Mme Buzyn une fois atteint le palier de 1.000 signataires, à l'initiative du collectif Inter-Hôpitaux (CIH).

Tous réclament "une revalorisation significative des salaires, en plus des diverses primes annoncées", une rallonge supplémentaire de 600 millions d'euros pour les hôpitaux en 2020 et "une révision profonde" de leur mode de financement et de leur gouvernance. Si la ministre refuse de recevoir les signataires, ces derniers envisagent non pas d'arrêter les soins mais d'abandonner leurs responsabilités administratives et leur rôle d'interlocuteur avec les directions hospitalières, a expliqué le Dr Milleron.

Agnès Buzyn s'est à nouveau dite consciente du "découragement des soignants" qui "est ancien" et a rappelé les mesures déjà annoncées pour permettre notamment "aux hôpitaux qui en ont besoin de rouvrir des lits ou d'embaucher du personnel". La promesse d'une reprise d'un tiers de la dette hospitalière, soit 10 milliards d'euros, sur trois ans, sera amorcée "au deuxième semestre" de l'année 2020, a-t-elle annoncé. De quoi dégager, selon elle, "entre 800 millions et 1 milliard d'euros par an de trésorerie" pour les établissements.

Dans le Grand Ouest, ces démissions concerneraient une quinzaine de postes à Nantes et au Mans, 44 à Rennes ou encore 19 à Limoges. Des démissions sont également annoncées à La Rochelle et Poitiers. Des conférences de presse sont organisées à Paris mais également dans plusieurs hôpitaux en région afin d'expliquer au public les motifs de cette décision.

(avec AFP)