Les députés votent la disposition sur le retour des néonicotinoïdes
Publié : 6 octobre 2020 à 6h21 par Arnaud Laurenti
Les députés ont voté, dans la nuit de lundi à mardi, la disposition clé du projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, seule "alternative" pour sauver la filière betterave, selon le gouvernement, malgré l'opposition des pro-environnement.
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Le vote solennel sur l'ensemble du projet de loi est prévu ce mardi après les questions au gouvernement.
Filière sucrière en difficulté
En s'appuyant sur la règlementation européenne sur les phytosanitaires, l'article 1er, amendé à la marge, ouvre la voie aux dérogations permettant de déroger à l'interdiction de certains produits lorsqu'il existe un "danger qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens raisonnables".
Il permet aux agriculteurs de réutiliser jusqu'en 2023 l'insecticide néfaste pour les abeilles, banni en 2018.
Les betteraviers réclament le retour des néonicotinoïdes face au danger de la "jaunisse de la betterave", transmise par un puceron vert vecteur du virus, qui se développe sur les cultures dont les semences n'ont pas été enrobées au préalable de cet insecticide.
La baisse des rendements induite menace la pérennité de la filière sucrière française, qui emploie 46.000 personnes, dont une bonne partie dans des usines de transformation, estime la profession.
Dénoncé comme "un renoncement" ou une faute par la gauche et les écologistes, le retour des néonicotinoïdes est la seule "alternative", selon le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie qui fait de la survie de la filière betteraves, un enjeu de "souveraineté" agroalimentaire.
Désaccords dans la majorité
Soutenu par LR, le projet de loi arrive au mauvais moment pour le gouvernement et LREM qui souhaitaient engager un virage écologique symbolisé par la convention citoyenne pour le climat.
"C'est un texte difficile, important qui ne veut pas opposer économie et écologie", a relevé M. Denormandie.
Certaines voix chez LREM devraient manquer lors du vote solennel sur l'ensemble du projet de loi, qui aura lieu mardi, comme celles des députés Jean-Charles Colas-Roy, Yves Daniel ou Sandrine Le Feur qui ont annoncé leur opposition au texte.
L'article 1er du projet de loi prévoit en outre la création d'un conseil de surveillance et l'interdiction, sur des parcelles où ont été utilisés des néonicotinoïdes, d'implanter des cultures attirant les abeilles afin de ne pas les exposer.
La discussion sur le projet de loi s'est étirée dans la nuit de lundi à mardi. Les députés ont également voté l'article 2 qui précise que les dérogations permises visent explicitement les betteraves sucrières.
(avec AFP)