Poitiers : le "violeur au tournevis" retrouvé 10 ans après ?

Publié : 7h08 par
Nicolas Mézil - Journaliste

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Un homme de 28 ans a été arrêté en Touraine ce mardi pour un viol commis en 2015 à Poitiers, a indiqué le pôle "cold case" du parquet de Nanterre.

Justice
Crédit : Illustration Envato - DR

L'homme, qui avait 17 ans au moment des faits, en a aujorud'hui 28. Il a été identifié en utilisant la généalogie génétique à travers une collaboration avec le FBI, précise le ministère public.

En 2015, la victime, qui courait le long du Clain à Poitiers, chemin du Sémaphore, avait été attaquée au tournevis, étranglée et violée, puis laissée pour morte par son agresseur.

L'enquête n'avait pas identifié le coupable, et avait fini par être reprise par le pôle des crimes sériels ou non élucidés (PCSNE), ou pôle "cold cases".

 

"Un choc pour la victime"

L'avocat de la victime, Me Lee Takhedmit, a salué mercredi une "bonne nouvelle" pour sa cliente, "victime de ce crime ultra-traumatisant".

"Ça lui fait un choc parce qu'elle pensait qu'on ne le retrouverait jamais", a-t-il réagi auprès d'une correspondante de l'AFP. "C'est une personne à la fois forte et très émotive, mais elle avait vite repris le dessus. Depuis, elle s'est mariée et a fondé une famille."

Selon la Nouvelle République, le suspect semblait lui aussi mener une vie rangée. Il était inconnu de la justice, vivait en couple et avait un emploi. Il devrait être présenté ce jeudi à un juge d'instruction en vue de sa mise en examen. Comme il était mineur au moment des faits, un éventuel procès ne pourra se faire que devant une Cour d'Assises des mineurs, et une excuse de minorité légale reste possible.

 

"C'est un coup de maître"

Pour l'avocat poitevin inscrit au barreau de Paris, cette identification génétique est une prouesse "spectaculaire". "C'est un coup de maître et cela montre que, dans ces dossiers, quand on se donne les moyens, ça paye", a-t-il jugé, saluant le travail du PCSNE.

Pour identifier l'ADN retrouvé sur la scène, les enquêteurs ont fait appel à la généalogie génétique, technique qui consiste à interroger des bases de données constituées notamment des ADN donnés par des particuliers à des sites pour leur révéler leurs origines, sites dont l'usage est interdit en France.

Ces bases étant détenues par des entreprises américaines, les enquêteurs demandent aux autorités outre-Atlantique, en l'poccurence le FBI, de faire la recherche, pour identifier de potentiels parents de la personne recherchée.

 

Une base légale à définir

"Il importe de préciser que le recours à la généalogie génétique répond aux règles classiques de la coopération judiciaire et pénale", précise le parquet de Nanterre à l'AFP.

"En toute légalité, un magistrat instructeur du PCSNE a adressé une commission rogatoire internationale (CRI) aux Etats-Unis d'Amérique aux fins de comparaison de l'extrait ADN masculin inconnu avec les bases de données disponibles dans le pays", ajoute la même source.

L'encadrement de l'utilisation de la généalogie génétique en France reste à préciser : le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé en octobre que son utilisation serait autorisée dans le cadre d'une loi ultérieure.

 

Avec AFP