Présidentielle-2022 : vers une abstention record au premier tour?

8 avril 2022 à 8h19 par Arnaud Laurenti

L'abstention pourrait se situer entre 26 et 30% selon une enquête Ipsos-Sopra Steria.

Présidentielle-2022 : vers une abstention record au premier tour?
Crédit : Unsplash

Après avoir fait l'objet de spéculations pendant toute la campagne, l'abstention, annoncée à un niveau record au premier tour de l'élection présidentielle, sera scrutée comme jamais dimanche car elle risque fort de peser sur le résultat du scrutin.

Depuis la Berezina civique des régionales en 2021 qui avaient vu les deux tiers des Français déserter les urnes, les spécialistes se demandent si la présidentielle, élection reine de la Ve République jusqu'alors à peu près préservée, sera à son tour naufragée.

Beaucoup de politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un premier tour d'une élection présidentielle, puisse être battu, soit bien plus qu'en 2017 (22,2%) qui n'était déjà pas un bon cru.

Selon une enquête Ipsos/Sopra Steria réalisée du 4 au 6 avril, l'abstention pourrait se situer entre 26% et 30%, avec un point moyen à 28%.

"Le niveau d'abstention devient un grand enjeu du premier tour", résume le politologue Jérôme Jaffré.

 

Des variations selon les générations

"On sait qu'il y a un risque de la voir dépasser les 30% des inscrits, ce qui serait le record des onze présidentielles. Cela montrerait que la cassure entre les citoyens et le vote constatée aux municipales et aux régionales persiste. Et que la présidentielle perd de sa force comme expression de la volonté nationale", analyse-t-il dans Le Figaro.

"Au lieu que ça fasse autour de 80% de participation comme d'habitude à une présidentielle, ça fera peut-être autour de 70% mais je ne pense pas que ce sera tellement moins, et ça reste quand même un taux important", relativise Gérard Grunberg, directeur de recherche émérite au CNRS, qui, "contrairement à la plupart de (s)es collègues", ne croit pas à la thèse de "la fin de la participation".

Pour lui, "même si la participation baisse de dix points, on est toujours à un niveau très important, donc on ne peut pas dire que les électeurs se désintéressent complètement".

Outre le niveau global de l'abstention, c'est aussi le degré de mobilisation des différents électorats qui sera observé de près.

Selon une enquête Ipsos/Sopra Steria réalisée les 29 et 30 mars, 43% des 25-34 ans pourraient bouder les urnes dimanche, contre 15% seulement des plus de 70 ans. L'abstention concernerait aussi 36% des ouvriers et 35% des employés, contre 29% des cadres et seulement 18% des retraités.

 

(avec AFP)