Dernière rescapée d'Oradour-sur-Glane, Camille Senon est décédée

Née le 5 juin 1925 à Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, Camille Sénon avait vu sa vie basculer à jamais le 10 juin 1944.

Celle qui a mené une vie de combats est décédée ce jeudi 3 octobre, à 100 ans.

Dernière rescapée du drame d'Oradour-sur-Glane

Elle n'avait que 19 ans le 10 juin 1944 jour du massacre commis par les SS de la division Das Reich. Camille Senon avait pris le dernier tramway en gare des Charentes, à Limoges, en direction de son village devenu martyre.

En 2017, auprès de l'AFP, elle racontait le drame :

"Je travaillais à Limoges, mais je rentrais à Oradour les weekends. Ce jour-là, j'ai pris le tramway, comme d'habitude, et rapidement on a vu les fumées noires au loin. La panique a gagné les wagons et en un instant nous étions arrêtés par des soldats allemands"

Camille Senon confiait sans détour que ce qu'elle avait vu ensuite était "difficile à raconter". "Il n'y avait plus âme qui vive". Le village d'Oradour-sur-Glane avait été incendié et 643 habitants avaient perdu la vie, dont une majorité de femmes et d'enfants. Parmi eux se trouvait toute sa famille.

Une figure majeure de la mémoire d'Oradour

Après ce drame, Camille Senon a consacré une grande partie de sa vie au devoir de mémoire dans les écoles, auprès des jeunes générations. Elle leur livrait des faits durs, mais aussi un message d'espoir : 

"C'est important de rappeler aux jeunes qu’il ne faut pas tricher avec ses valeurs, et rester, quelles que soient les circonstances, toujours optimiste. Parce que même si le monde qui se prépare est inquiétant, la vie m'a prouvé qu'il n'est jamais temps de désespérer".

La rescapée avait par ailleurs témoigné au procès de Bordeaux, le 12 janvier 1953.

Camille Senon, une centenaire "révoltée"

Devenue responsable syndicale de l'une des plus importantes sections féminines de la CGT des PTT (Postes, télégraphes et téléphones) à Paris, elle n'avait eu de cesse de militer pour les droits des femmes.

"Quand j'ai commencé à travailler, il faut imaginer qu'il n'y avait pas de statut des fonctionnaires, et les femmes devaient encore demander la permission à leur chef de service pour se marier ! La misogynie et le sexisme ordinaire étaient partout, y compris dans les milieux syndicaux", s'était alors souvenu celle qui se définissait comme une "éternelle révoltée".

En 2014, à 90 ans, elle s'était portée candidate aux élections municipales à Limoges.

Puis, en 2016, elle avait refusé l'ordre national du Mérite au moment de la promulgation de la loi Travail, pour ne pas "renier toute (sa) vie militante pour plus de justice et de solidarité, de liberté, de fraternité et de paix", selon elle.

Avec AFP