Ariège : Un chasseur tue une ourse qui venait de l’attaquer

Publié : 22 novembre 2021 à 15h08 par Victoria Maquet Foucher

Grièvement blessé par une ourse, un chasseur a été contraint de tirer mortellement sur l’animal qui l’avait mordu. Cet accrochage rarissime est survenu ce samedi 20 novembre en Ariège, dans le massif du Couserans. Il pose question sur la cohabitation.

Un chasseur tue l'ourse qui l'a mordu
Un chasseur tue l'ourse qui l'a mordu
Crédit : Pixabay

Dans l’après-midi du samedi 20 novembre, un groupe de chasseurs traquait le sanglier sur la commune de Seix (Ariège) à une soixantaine de kilomètres de Foix. Vers 15h30, ils font appel aux secours : l'un d'eux vient d'être blessé par une ourse. Les gendarmes du PGHM interviennent alors auprès du chasseur âgé de 70 ans, sévèrement blessé au niveau de l'artère fémorale.

Evacué au CHU de Toulouse et désormais hors de danger, l’homme a expliqué être d’abord tombé sur deux oursons, puis avoir été attaqué par leur mère, qui l'a mordu à la jambe. Le chasseur a alors fait feu à deux reprises en direction de l’ourse, qui est morte.  

Selon le Président de la chambre d'agriculture de l'Ariège, Philippe Lacube, le contexte de "légitime défense" semble établi, relaie l'AFP. La préfecture de l'Ariège a indiqué qu'une enquête judiciaire a été ouverte ce samedi sur les circonstances de cet accident.

 

"La cohabitation, c'est compliqué"

L’événement rarissime pose question sur la cohabitation. Les avis divisent, mais selon Christine Tequi, la Présidente du Conseil Départemental de l'Ariège, le danger est aggravé par "la présence accrue des ours, qui se reproduisent" dans le secteur du Couserans, a-t-elle déclaré auprès de l'AFP. "C'est vraiment ce que l'on redoutait. Aujourd'hui, on voit bien que la cohabitation, c'est compliqué !".

Il y a quelques semaines, un incident avait déjà alimenté la polémique entre pro et anti-ours: un berger du village de Saint-Lary, en Ariège, avait été poursuivi par un ours. Selon le maire, c’était une première depuis la réintroduction de l’ours brun dans les années 1990.

Les opposants à l'ours, notamment les éleveurs, réclament l'abattage des ours agressifs. Ils déplorent de nombreuses prédations de brebis, et craingnent désormais la sécurité des hommes.

 

"L’événement ne remet en aucun cas en cause la présence de l'ours"

L’association Pays de l'ours-Adet, qui œuvre depuis 30 ans pour le retour de l'espèce protégée dans les Pyrénées, demande quant à elle, "que la lumière soit faite sur les circonstances de cet événement", confie Sabine Matraire, Présidente de l’association, auprès de l’AFP.

"Depuis 2020, c'est le quatrième ours tué dans le massif des Pyrénées (deux en Espagne et deux en France), et les trois premiers ont été tués dans l'illégalité", ajoute-t-elle.

Pour les pro-ours cet "événement ne remet en aucun cas en cause la présence de l'ours". Ils pensent néanmoins qu’il serait important de travailler à une meilleure information, ainsi qu’une meilleure formation des chasseurs.

 

Un programme de réintroduction de l’ours dans les Pyrénées

Alors que la population d'ours des Pyrénées était menacée d'extinction, la France avait engagé dans les années 1990 un programme de réintroduction de plantigrades venant de Slovénie.

En novembre 2004, la mort de Cannelle, dernière ourse purement pyrénéenne tuée par un chasseur en Vallée d'Aspe, avait soulevé une vague de protestations en France. Le gouvernement avait alors mis en place son plan de "renforcement de la population d'ours bruns dans les Pyrénées".

La population actuelle d’ours serait d’une soixantaine d'individus dans le massif pyrénéen, dont une quarantaine en Ariège. Un chiffre considéré comme insuffisant pour assurer la pérennité de l'espèce.