Au parc de Branféré, les animaux à l'écoute de la musique
Publié : 21 avril 2025 à 8h09 par Joséphine Point
Dans le Morbihan, les visiteurs du Parc de Branféré assistent depuis quelques jours à des événements inhabituels... des concerts en live non pas destinés au public, mais aux animaux.
/medias/6cOIUcKx8a/image/250415_Maxime_Horlaville_disobey_Branf_r__A_71744886121484-format16by9.png)
Les animaux sont-ils réceptifs à la musique ? Une chanson douce va-t-elle avoir une incidence sur leur comportement ? Ces questions auront bientôt une réponse, après deux mois d'expérimentation au Parc de Branféré.
Le parc animalier et botanique morbihannais a lancé le 15 avril dernier une étude scientifique inédite en France, en collaboration avec des chercheurs de l'Université de Nanterre. Pendant deux mois, des musiciens s'installent deux fois par semaine au milieu d'animaux du parc pour leur jouer une musique douce. Ces mini-concerts en live, filmés, vont permettre de mettre en lumière l'impact de la musique sur les animaux en semi-liberté. De premiers résultats sont attendus d'ici la fin de l'année.
Explications avec Alexandre Petry, directeur zoologique et scientifique du Parc de Branféré.
Quel est le point de départ de cette étude scientifique ?
Depuis maintenant 60 ans, puisque c'est l'année d'anniversaire du Parc de Branféré, on est très engagés dans le bien-être animal, et nous sommes aussi un terrain d'accueil pour des études scientifiques. Ces études scientifiques viennent d'organismes extérieurs, comme le Muséum national d'histoire naturelle, mais parfois aussi d'idées de nos équipes.
Quand on a découvert le profil du musicien Plumes et ce qu'il faisait lors de ses sessions musicales avec les animaux, on s'est dit, pourquoi ne pas tout mêler au Parc de Branféré ? Il s’agit donc, en collaboration avec l'Université de Nanterre, de faire une diffusion régulière de musique pour nos animaux afin de voir les conséquences sur leur comportement, et aussi de voir s'il y a un impact sur leur bien-être.
Concrètement, comment cela va-t-il se passer ?
Ce qui est vraiment unique avec cette étude, c'est que les musiciens jouent de la musique en live. L'Université de Nanterre travaille déjà sur la musicalité chez les animaux, mais généralement, on leur diffuse des enregistrements avec des enceintes.
Et puis surtout, vu que le parc sera ouvert dans les prochains mois, les visiteurs pourront assister en direct à la réalisation de l'étude, c'est-à-dire que les musiciens vont venir jouer à proximité ou dans les enclos, en fonction des espèces. Nous, on va enregistrer les vidéos afin de garder en mémoire les comportements des animaux et les visiteurs pourront assister à cette expérience.
Donc, c'est à la fois unique parce que les musiciens jouent acoustique et en live, et surtout, on offre la possibilité à nos visiteurs de voir en direct l'expression de cette étude scientifique.
Est-ce que tous les animaux du parc participent ?
On a travaillé avec l'Université de Nanterre pour définir quel type d'animaux allaient être confrontés à ces stimulations. Et donc, on s'est arrêté sur quatre groupes d'espèces.
On a tout d'abord les siamangs, puisque l'Université de Nanterre travaille déjà sur la musicalité chez ces animaux. Donc, on poursuit en fait avec la musique live.
On a aussi sélectionné les okapis. C'est un animal qui a une audition très développée et qui a aussi une certaine curiosité, donc on voulait aller explorer un peu plus loin.
Et enfin, on a choisi nos deux grands espaces immersifs où les animaux peuvent être en contact direct avec le musicien, mais surtout où ils ont énormément de place pour pouvoir éventuellement s'approcher ou s'éloigner de la musique, car c'était vraiment aussi très important pour nous que les animaux aient le choix d'interagir ou non avec la musique.
Il y aura des sessions jouées sur notre prairie du château avec les wallabys, les maras, les grues, etc. et aussi à la ferme avec les chèvres, les moutons et les alpagas.
Crédit : Maxime Horlaville_disobey_Branféré
Qu’attendez-vous de cette étude ?
Nous, au parc de Branféré, on est au service de la science via nos animaux pour pouvoir trouver des nouvelles connaissances. Et donc, ça va être d'aller voir quelle est la part de musicalité primitive qu'on va trouver chez les animaux, comment un animal est capable de concevoir ou d'apprécier une musique, un peu comme nous on pourrait le faire.
Il y a aussi une part très importante sur le bien-être. On offre déjà à nos animaux de très grands environnements, ils sont dans des enclos avec d'autres espèces, avec des groupes sociaux cohérents avec leur biologie. Là on va leur apporter un environnement sonore modifié, donc qui peut aussi être favorable pour leur bien-être.
C'est un petit peu l'adage ‘est-ce que la musique adoucit vraiment les mœurs ?’. On peut le dire chez nous, mais est-ce que ça marche aussi chez les animaux ? Ça, on pourra le savoir au terme des deux mois, quand on aura vraiment répliqué plusieurs fois notre protocole.