Bébés pandas : "double ration de bonheur"

Publié : 2 août 2021 à 17h47 par Victoria Maquet Foucher

Deux pandas sont nés dans la nuit du dimanche 1er août au lundi 2 août, au Zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher. L'interview d'une des responsables du site.

Naissances de pandas à Beauval
Crédit : ZooParc de Beauval

Naissance exceptionnelle au Zoo de Beauval dans la nuit de dimanche à lundi. Le panda Huan Huan a accouché de deux femelles, qui se portent à merveille. Nous nous sommes entretenus avec Delphine Delord, l’une des responsables du site.

Comment s’est passée la naissance de ces deux bébés pandas ?

La naissance s’est très bien passée, après effectivement une longue nuit d’attente puisqu’elle a commencé à perdre les eaux vers 17h et que le premier bébé panda est né à 1h03. Donc on était rivés à son chevet, derrière des écrans pour certains, il y avait toute une team qui était déployée autour de cette naissance, ce qui est évidemment exceptionnel. C’est une naissance mondiale parce que des bébés pandas qui naissent c’est toujours un extraordinaire espoir pour la conservation de cette espèce qui est vulnérable dans la nature. Aujourd’hui nous sommes dans l’euphorie, dans la joie, parce qu’on a eu ces deux bébés pandas qui sont nés, qui sont vifs, roses, qui couinent, que l’on entend dans tout le bâtiment, et qui ont l’air d’être en parfaite santé.

Il y a 4 ans lorsque Yuan Meng est né, il avait un frère jumeau qui n’avait pas survécu. Donc là, c’est double ration de bonheur ?

Effectivement, c’est double ration de bonheur. Il y a 4 ans le premier qui était né était tout blanc, pâle, il n’émettait pas de son, on avait rapidement vu qu’il était quasiment mort-né. Là, les deux petites, puisqu’il semblerait que ce soit deux femelles, se portent à merveille ! Huan Huan a appris son rôle de maman, c’était la première fois qu’elle mettait au monde des bébés, elle sait s’en occuper, elle les tient, on voit bien qu’elle les sert dans ses pattes, elle les tient au chaud. On les a pris l’une et l’autre pour les mettre en couveuse, avoir tous les premiers soins autour d’elles, voir si tout va bien, si tous les signes vitaux sont bons pour pouvoir les peser et puis on en a très vite remis une auprès de sa maman qui l’a immédiatement reprise, et le bébé a tété. Ce sont de tous petits bébés qui pèsent 149 grammes et 129 grammes pour la seconde. La vie est fragile, ça reste de tous petits bébés qui ont pour l’instant, qu’une fine peau rose sans fourrure, leurs yeux sont fermés, elles mesurent une quinzaine de centimètres. Donc elles sont encore très fragiles. On est vraiment plein d’espoir, parce qu’elles ont vraiment l’air en très bonne forme et Huan Huan s’en occupe très bien.

En quoi les dix premiers jours de ces bébés sont déterminants ?

Ce sont de tous petits bébés qui naissent, elles vont perdre quelques grammes comme tout bébé à la naissance, ça reste une vie fragile. Toute naissance est fragile, mais tout particulièrement chez les pandas puisqu’il y a cette disproportion énorme entre le poids de la mère qui est presque de 100kg, et le poids des bébés de 140 grammes, donc c’est vraiment de toutes petites choses très fragiles. C’est pourquoi on les met en couveuse pour surveiller qu’elles aient bien une température corporelle suffisante, pour leur survie et leur développement. On a donné un petit biberon à la deuxième qui était plus petite, et les soigneuses chinoises qui sont auprès de Huan Huan, veillent à ce que les bébés tètent bien lorsqu’ils sont sur mère.

Combien de personnes ont été déployées sur cette naissance, auprès de Huan Huan et des bébés ?

Cette nuit je pense que l’on était plus d’une trentaine à attendre, regarder, mais on ne travaillait pas tous auprès de Huan Huan. En revanche nous avons une équipe de soigneurs qui est dédiée à nos bébés pandas. Il y a quatre soigneurs français qui vont se relayer 24/24 en plus de nos 2 soigneuses chinoises qui elles aussi se relayent. Nous avons sans cesse quelqu’un qui est auprès de Huan Huan et des deux petites femelles.

A l’issue de cette phase des dix jours, les bébés pourront être avec leur maman ?

On les remet très souvent avec leur maman. Elles sont en couveuse quelques demi-heures ou heures, et ensuite on remet l’une d’elle avec sa maman et puis on alterne avec l’autre bébé. Là j’étais auprès de Huan Huan, elle dort, quand elle n’a pas les bébés je pense qu’elle se repose et qu’elle est bien contente. Quand on les lui remet, c’est extrêmement impressionnant parce qu’on remet ce tout petit bébé sur le sol, et Huan Huan se lève, le saisit dans sa gueule. Vous avez cette espèce de grand animal qui prend ce minuscule être, et on voit juste la petite tête qui dépasse d’un côté de la gueule et la queue de l’autre. La gueule est complètement refermée on dirait qu’elle va l’écraser mais pas du tout. Elle est d’une douceur, d’une tendresse, c’est très impressionnant. Les deux petites sont donc en alternance toujours avec leur maman de façon à pouvoir boire le lait maternel.

Les naissances augmentent généralement le nombre d’entrées. Malgré le pass sanitaire, vous vous attendez à vivre le même phénomène ?

Je ne sais pas si les visiteurs vont se précipiter pour venir voir les bébés panda particulièrement, puisque pour l’instant ils ne sont pas visibles du public. On peut les voir sur les écrans qui sont déployés dans la zone panda, nous avons des caméras qui retransmettent en permanence, en direct ce qui se passe dans la couveuse ou auprès de Huan Huan. Nous avons critiqué surtout la précipitation du pass sanitaire, le fait qu’on nous l’impose si rapidement, sinon nous ne sommes pas contre le pass sanitaire mais on aurait préféré qu’il soit au 1er septembre. Nous avons déployé tous nos efforts pour que cela ne gène en rien nos visiteurs. Un centre de tests est à l’entrée donc ils peuvent se faire tester et d’ailleurs on a une très bonne affluence au mois de juillet, équivalent à celui de l’année dernière qui était déjà très fort.

Savez-vous quand ces bébés pandas seront montrés au public ?

Pas encore, comme elles sont deux, qu’elles vont beaucoup jouer ensemble, se réchauffer, c’est un peu différent que lorsqu’on avait un seul bébé. Peut-être que l’on pourra les montrer plus tôt au public, dès la Toussaint ou à Noël. Tout reste encore à voir, surtout à voir avec nos soigneuses chinoises, notre service vétérinaire, c’est eux qui vont pouvoir dire exactement quand est-ce qu’on pourra les montrer. Elles ne sortiront pas tout de suite avec leur maman, elles ont des petits parcs intérieurs, un peu comme des parcs de bébés. Peut-être qu’on pourra les montrer plus tôt, à voir, mais ce n’est pas encore décidé. Aujourd’hui on se réjouit tellement de cette naissance. Déjà pour la reconnaissance de l’excellence du travail de Beauval, mais aussi cet espoir pour la conservation de l’espèce, c’est vraiment une grande victoire.

Les prénoms seront donnés dans 100 jours comme le veut la tradition, par la Première Dame Chinoise, à quoi peut-on s’attendre ?

Je ne sais pas, nous allons en discuter avec nos amis chinois de la base de Chengdu. La dernière fois nous avions ensemble regardé les différents prénoms qu’ils nous avaient proposés, c’était la Première Dame Chinoise qui avait proposé un prénom qui avait ensuite été soumis à Brigitte Macron. Cette fois-ci on va regarder ensemble. Là on est pas du tout à les nommer dans les 100 jours. On recherche actuellement des surnoms pour les appeler par de jolis prénoms jusqu’à la cérémonie du nom.

Attendez-vous à une hausse des visiteurs l’année prochaine lorsque les bébés seront visibles ?

Les pandas sont des animaux très populaires et l’arrivée des pandas avait généré une très forte notoriété pour Beauval et une hausse des visiteurs. Pour les bébés panda, il n’y a pas de hausse phénoménale de visiteurs. Je crois qu’on est aussi sur une lancée où on crée tout le temps de nouvelles choses, on a une installation gigantesque aux hippopotames, l’ouverture l’année dernière du Dôme équatorial d’un hectare juste avant la pandémie, où on peut découvrir des animaux extraordinaires comme des lamantins, par exemple. On a d’ailleurs eu la naissance d’un bébé lamantin. Cependant, une hausse de visiteurs directement liée aux bébés panda c’est difficile de le mesurer puisque beaucoup de gens nous disent que oui, ils viennent pour les pandas, mais ils ne viennent pas que pour eux.