Bretagne : des bénévoles vont bivouaquer à proximité des troupeaux pour effrayer le loup

Publié : 11 mars 2025 à 12h02 par Marie Piriou

L’Office français de la biodiversité a recensé 74 attaques de troupeaux ces trois dernières années en Bretagne, qui pourraient avoir été commises par le loup. Les éleveurs s’équipent de chiens de protection mais il existe une autre solution : une surveillance assurée par des bénévoles qui bivouaquent à côté des troupeaux.

Le dispositif de l'association FERUS fonctionne depuis 25 ans dans les Alpes.
Le dispositif de l'association FERUS fonctionne depuis 25 ans dans les Alpes.
Crédit : FERUS

Dormir à côté de troupeaux pour les protéger du loup. C’est l’idée de l’association FERUS qui vient d’organiser un stage pour former une trentaine de bénévoles en Bretagne, dans les monts d’Arrée.

 

Ces trois dernières années, l’Office français de la biodiversité a recensé 74 attaques de troupeaux en Bretagne, dont le loup pourrait être l’auteur. Comme le loup sent la présence de l’homme et qu’il la craint, l’objectif de FERUS est donc d’assurer une présence humaine auprès des troupeaux pour effrayer le loup.

Ce dispositif fonctionne depuis une vingtaine d’années déjà dans les Alpes.

Entretien avec Tanguy Descamps, animateur de FERUS en Bretagne.

 

Votre association va proposer, par l'intermédiaire de bénévoles, de bivouaquer près des troupeaux dans les monts d'Arrée à partir de cette année. Pourquoi proposer ce service ?

C’est un service de bénévolat que nous mettons en place pour soutenir les éleveurs, suite au retour du loup. Cela fait longtemps qu’ils ont perdu l’habitude de garder leurs troupeaux, avec des systèmes de gardiennage. Nous sommes un coup de pouce en plus, pour assurer une présence permanente de bénévoles pendant quelques jours près des troupeaux. C’est l’une des principales mesures qui fait fuir le prédateur.

 

Les prédations sont-elles nombreuses dans ce secteur des monts d'Arrée ?

Oui, elles le sont. Depuis 2022, depuis trois ans que le loup est à nouveau présent en Bretagne, il y a quelques individus qui sont présents, essentiellement dans le Finistère. Le bilan est de 74 constats en "loup non-exclu", autrement dit, c’est sans doute du loup qui a prédaté. 148 bêtes ont été tuées, essentiellement des moutons, quelques caprins et 12 bovins.

 

Comment fonctionne ce dispositif ?

Nous formons des bénévoles. En Bretagne, nous allons procéder de la même manière que dans le Jura où nous sommes présents depuis trois ans déjà. Ce sont des missions d’une semaine avec des bénévoles qui vont se relayer. Mais avec des bénévoles locaux. L’idée c’est d’intervenir très vite. Si un éleveur (qui est partenaire) a eu une attaque ou craint d’avoir une attaque, il nous appelle et nous pouvons être en place le soir-même ou en 24 heures. Pendant le temps où nous sommes là, il n’y a pas de prédations.

Nous allons assurer une première saison jusqu’en octobre. Nous ferons le bilan ensuite. Sachant que la particularité de la Bretagne, c’est qu’il peut y avoir théoriquement des prédations toute l’année.

 

Comment les bénévoles ont-ils été formés ?

C’est une formation de deux jours, très courte mais assez dense. Nous avons eu la visite d’un agent de l’OFB (Office Français de la Biodiversité), qui est venu nous faire un point sur l’état de la conservation et l’état du loup en Bretagne. Nous leur avons fait part de notre expérience depuis 25 ans dans les Alpes et dans le Jura. Expérience technique, pratique et formation au matériel. Nous avons surtout visité deux élevages, ovin et bovin. Parce qu’en Bretagne, le problème c’est qu’il y a autant de prédations sur ovins que sur bovins.

 

Quel sera le rôle de ces bénévoles pendant les missions de surveillance ?

C’est très simple, il suffit de venir poser sa tente et il n’y a strictement rien à faire. C’est la présence humaine qui va dissuader le loup. Donc tourner autour, faire un peu de randonnée autour, pourquoi pas. Se balader, profiter du paysage et des animaux. Il n’y a rien d’autre à faire pendant les missions de surveillance.

 

Quel est le véritable intérêt pour les éleveurs ?

La présence des bénévoles leur permet de se reposer. Quand il y a une attaque, les éleveurs sont souvent très seuls, désemparés, ils craignent pour leurs bêtes évidemment. Au moins, pendant une semaine, nous sommes là et ils dorment tranquille pendant quelques jours. Ce dispositif est totalement gratuit. Les bénévoles sont complètement autonomes, ils viennent avec leur propre matériel, leur propre nourriture et nous leur fournissons un peu de matériel de surveillance en plus comme une caméra thermique et des talkies-walkies.

 

Comment les éleveurs accueillent-ils ce dispositif ?

Pour l’instant, les retours sont bons. Les gens que nous allons rencontrer sont intéressés, l’accueil est bon. Certains n’ont pas encore eu de prédations, ils n’en ressentent pas encore le besoin mais ils accueillent l’idée positivement.

 

Le programme PastoraLoup-Bretagne est-il déjà amené à être renouvelé chaque année ?

Oui c’est l’idée. C’est ce qui se passe ailleurs. Nous allons déjà faire une saison, faire un bilan et si tout va bien nous reproduirons le programme l’année prochaine bien sûr.

 

Retranscription par Mikaël Le Gac