"Jusqu'à quatre mois de chiffre d'affaires en un mois", avant les fêtes, les caves sans alcool font le plein

Publié : 5h54 par
Adrien Michaud - Journaliste

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Il s’agit d’un marché en pleine expansion, les caves sans alcool fleurissent dans les villes. À Rennes, deux caves de ce type ont ouvert en un an. Et les fêtes de fin d’année sont très importantes économiquement pour ce nouveau secteur.

À Rennes, deux caves sans alcool ont ouvert en un an.
À Rennes, deux caves sans alcool ont ouvert en un an.
Crédit : Adrien Michaud

Les Français boivent moins et différemment, c’est un fait. Selon l’observatoire français des drogues et des tendances addictives en 2024, les volumes d’alcool pur mis en vente en 2024 ont baissé de 5,8% en France. Aussi, le vin, l’alcool le plus vendu dans le pays, a vu, encore, sa consommation reculer de 3,6 % l'an dernier. Pourtant, à l’inverse, le marché du sans alcool décolle. Un quart des Français déclarent même en consommer régulièrement, et les caves de ce type fleurissent un peu partout en France, comme à La Rochelle dernièrement.

En Bretagne, la toute première cave sans alcool a ouvert en juillet 2024 à Quiberon. Derrière cette nouveauté : Sophie et Arnaud Bernaert. Le couple ne s’est pas arrêté là, en novembre 2024, dans la capitale bretonne, à Rennes, ils inauguraient un nouveau magasin "Qu’importe l’ivresse", avant même d’exporter ce concept, il y a un mois à Paris, preuve de l’essor de la filière.

"Je pense qu'on a longtemps pensé au mieux manger. Maintenant, on est en train de penser au mieux boire. Donc, il y a cette conscience, je pense, par rapport à son corps, à son bienêtre. Aussi, il y a cette volonté quand on ne boit pas d'alcool, de se faire plaisir, sans être obligé de boire des sodas ou de l’eau, dans le but de trouver une expérience aromatique plaisante ", raconte, devant une étagère remplie de vins sans alcool, Sophie Bernaert.

Sophie Bernaert, gérante de la cave Qu’importe l’ivresse à Rennes.
Sophie Bernaert, gérante de la cave Qu’importe l’ivresse

Les jeunes plus convaincus

Le sans alcool fonctionne donc de mieux en mieux, et les membres de la filière innovent et essaient d’améliorer l’idée que se font les consommateurs de ces boissons. Comme en voulant casser l’image du jus de raisin que peut avoir les vins sans éthanol. Aujourd’hui, par exemple, certains vins sans alcool sont vieillis des années en fût de chêne pour donner plus de nez. Et ça fonctionne, surtout chez les plus jeunes. "Un tiers de notre clientèle a moins de 30 ans. Aussi ce qu'il faut savoir, c'est que quand même, 80 % des gens qui passent la porte de notre boutique sont des gens qui continuent de consommer de l'alcool. Simplement, ils ont décidé de modérer leur consommation, de la contrôler davantage. En fait, ils ont toujours l'impression de subir un peu cette injonction de consommation d'alcool, et n’ont plus envie de l’endurer", détaille la gérante du magasin rennais, pour qui ce changement de mentalité, est une condition sine qua non au développement de ces caves.

Sophie Bernaert, gérante de la cave Qu’importe l’ivresse

 

Décembre, une période faste

Face à cet engouement, une période est forcément importante économiquement pour ce nouveau secteur, les fêtes de fin d’année.

"Il y a des réunions autour d'une table donc forcément des bouteilles. Mais certaines personnes, maintenant, pensent à ces gens qui ne boivent pas. Avant, on leur offrait un jus de fruits, ou un soda, mais ce n'est pas très cool. Maintenant, avec l’amélioration des boissons sans alcool, ces gens-là peuvent garder un joli verre, même pendant les fêtes."

 En boutique, tout cela se traduit facilement, et il n’y a qu’à voir ce magasin qui ne désemplit pas pour comprendre. "C’est un mois très important, en décembre, on fait jusqu'à trois ou quatre mois de chiffre d'affaires en quelques jours", explique-t-elle.

"Enfin, surtout en cette période de fête et de multiplication des repas, je pense que des gens ont envie de s'amuser, mais en gardant les deux pieds sur terre. Le tout sans devoir passer une journée pour se remettre d'une soirée alcoolisée", prophétise la co-créatrice de la cave "Qu’importe l’ivresse".

Et même si l’abus d’alcool et dangereux pour la santé et à consommer avec modération, nombreux seront les Français à connaître des réveils compliqués en cette période de fin d’année. De quoi, peut-être, donner l’idée d’essayer, un jour, le vin ou la bière sans alcool.

Sophie Bernaert, gérante de la cave Qu’importe l’ivresse