Cette entreprise bretonne transforme les coquilles d’huîtres en matériau de construction

Et si le futur plan de travail de votre cuisine était fait en coquilles d’huîtres ou de Saint-Jacques ? Depuis 2022, l’entreprise bretillienne Ostrea le réalise déjà. Elle récupère les coquilles de ces fruits de mer pour les recycler en un tout nouveau matériau de construction.

En 2025, Ostrea a même déjà recyclé plus de 2 000 tonnes de déchets coquilliers, et avec Noël et le Nouvel an qui arrivent, ils vont récupérer de la matière première. En tout cas, le produit fini plaît : dernièrement, Ostrea a levé 5 millions d’euros pour étendre son activité et a même déjà vendu ce nouveau matériau à l’Élysée.

Rencontre avec Camille Callenec, co-créateur d’Ostrea.

Cette idée vous est venue comment ?

L'idée de développer un matériau à partir de coquillages recyclés est venue quand on a rencontré le grand frère de Tanguy, un de mes cofondateurs qui est ostréiculteur. Là, on s'est rendu compte que l'activité générait énormément de déchets et que ces déchets n'étaient pas recyclés. Ils finissaient enfouis.

En partant de ce constat, on s'est dit qu'il était temps d'en faire quelque chose parce qu'on pensait que les coquillages n’étaient pas un déchet et qu’ils avaient une très grande valeur. On a donc décidé de développer ce tout nouveau matériau. On travaille principalement avec des partenaires bretons pour récupérer ces coquillages, mais ça nous arrive aussi de travailler également avec des ostréiculteurs vendéens.

Comment passe-t-on de coquilles d’huîtres ou de Saint-Jacques à un matériau pouvant être utilisé pour construire des plans de travail ou même des meubles ?

Quand on a développé la chimie et la production, on ne voulait absolument pas résoudre un problème en rajoutant un autre, pour que le matériau puisse avoir des caractéristiques environnementales extrêmement performantes, tout en répondant aux exigences techniques des marchés qu'on vise. C’est-à-dire, le sol, le mobilier et le plan de travail.

Ça a été un très gros travail de recherche, plus de 2 ans, entre 2020 et 2022. Finalement, sans vous donner la composition exacte pour créer ce nouveau matériau, on met 60% de coquillages, des minéraux, des fibres végétales, et de l'eau, ce qui donne une pâte. Cette pâte, est ensuite immergée dans l'eau pendant une vingtaine de jours et à la fin, ça nous permet d'avoir un matériau extrêmement résistant pour tout type d'application.

Cette revalorisation de ces déchets, ça vous tenait vraiment à cœur ?

La vision de l'entreprise, c'est de démontrer que l'économie circulaire peut être industrialisée et être l'avenir des matériaux. On a vraiment à cœur de pousser cette vision. On veut montrer que recycler des déchets coquilliers, ça peut aussi être un projet qui a un impact réel sur le monde des matériaux.

Et finalement, est-ce que ça coûte plus cher que des produits plus classiques ?

On a beaucoup travaillé sur cette partie prix. On savait qu’avoir un produit avec un avantage environnemental et des mêmes caractéristiques techniques, c'était un avantage pour un client, mais à condition que le prix ne soit pas premium.  

Notre prix de vente, en fait, il est similaire à une pierre classique ou à même une pierre composite comme de la céramique ou du quartz. Si, par exemple, quelqu'un souhaite faire un plan de travail en mélaminé, effectivement notre matériau sera plus cher. En revanche, si cette personne a prévu de faire un plan de travail en pierre naturelle ou en céramique. Là, on sera dans les mêmes prix.