FinisteRestes 29 : les paniers de légumes "moches" ont du succès

8 février 2022 à 15h10 par Arnaud Laurenti

L'entreprise bretonne propose des paniers de légumes invendus, mis de côté pour leur apparence.

FinisteRestes 29 : les paniers de légumes "moches" ont du succès
Crédit : Alouette

Des paniers anti-gaspi de légumes "moches" : c'est ce que propose la toute jeune entreprise FinisteRestes 29. Les consommateurs ont la possibilité d'acheter des paniers de légumes de 5 à 10 kg pour 5 euros. Entretien avec le fondateur, Karim Vincent-Viry.

 

En quelques mots, qu'est-ce FinisteRestes 29 ? 

FinisteRestes 29 est une jeune société puisqu’elle a été créée en novembre dernier. Elle est basée à Saint-Pol-de-Léon et elle propose aux consommateurs des paniers de légumes anti-gaspi.

Quel est votre parcours ?

Trente ans de grande distribution aux achats fruits et légumes pour le compte de plusieurs grandes enseignes.

Comment avez-vous eu l’idée de créer FinisteRestes 29 ?

C'est arrivé brusquement. Un jour, à la sortie d’une station de conditionnement, j’ai vu une remorque complète d’écarts de tri (les produits mis de côtés, présentant un défaut ou hors calibe ndlr) qui allaient partir à la poubelle. Je me suis dit que ce n’était pas possible et qu’il fallait changer les choses. Je pense que depuis deux ans, avec ce que l’on vit avec la pandémie, on a bien bousillé notre planète. Moi, j’ai une fille de 14 ans et je me suis dit qu’il fallait, à notre échelle, changer tout ça.

Comment ça marche ?

C’est tout simple : les producteurs n’étaient pas rémunérés sur les écarts de tri. Maintenant, on leur rachète ! Côté consommateur, c’est la possibilité d’avoir une caisse comprise entre 5 et 10 kilos de légumes, avec minimum cinq légumes différents, pour la modeste somme de 5 euros.

De quels légumes sont composés vos paniers ?

Pommes de terre, oignons de Roscoff, légumes anciens, choux, carottes… Et plein d’autres légumes qui varient au fil des saisons puisque l’été nous proposerons des variétés de tomates et bien d’autres produits. Nous avons la chance d’avoir une belle région légumière, qui produit à peu près une centaine de légumes différents.

Vous avez démarré l’activité il y a quelques mois. Quels sont les premiers retours ?

Quelques exemples et quelques chiffres, c’est tout simple : c’est un millier de « J’aime » ou de commentaires par jour sur nos réseaux sociaux, 300 000 personnes qui nous suivent sur Facebook. Et à chaque ouverture, plus de 100 à 150 clients qui nous attendent avec beaucoup de reconnaissance et des gens très sympathiques.

Vous vous attendiez à un tel succès ?

Non, ce serait prétentieux de dire ça. On pensait qu’on avait un truc marrant à faire mais jamais à cette échelle-là. Je pense que là, les planètes étaient alignées : nous aurions fait ça il y a 20 ans, ça n’aurait pas fonctionné. Là, le progrès technologique et la prise de conscience des consommateurs sur l’anti-gaspi a fait que ça a accéléré le mouvement.

Quelles sont vos ambitions sur le long terme ?

Ma vraie priorité, c’est que demain il n’y ait plus de gaspillage alimentaire. Tant que ce ne sera pas le cas, je continuerai mon action.

Combien êtes-vous à travailler au sein de FinisteRestes 29 ?

À ce jour, je suis tout seul. En revanche, c’est la société Riou qui m’achète les produits et qui me les conditionnes. Cinq personnes sont dédiées à ça.

À très court terme, nous allons embaucher des étudiants sur nos plateformes pour distribuer les paniers, soit une vingtaine d’embauches sur les 15 prochains jours. Les équipes de préparation de paniers vont aussi s’agrandir.

Indirectement, si on implique aussi tous les commerçants qui nous aident, parce que sans eux on ne serait pas grand-chose, c’est un petit peu plus d’une cinquantaine de personnes qui se mobilisent pour les paniers anti-gaspi.

Aujourd’hui, vous vous épanouissez vraiment professionnellement ?

Pendant 30 ans, on ne m’a jamais félicité pour ce que je faisais. Aujourrd'hui, on a des messages d’encouragement, c’est génial. Les gens ont une patate ! Et on a des ambassadeurs de partout. Des gens qui militent et qui veulent nous accueillir dans chaque ville. À chaque fois, c’est le même état d’esprit : ce sont des gens qui nous remercient parce qu’on leur donne accès au Programme National Nutrition Santé. Les cinq fruits et légumes par jour étaient dans la tête des gens mais pas forcément dans leur estomac, et nous notre job, c’est de combler ça, tout simplement.

Vous proposez vos paniers dans combien de villes aujourd’hui ?

On en est déjà à presque une vingtaine de villes. En ce moment, on est sur une cadence d’une ville par jour. Je pense que le phénomène va encore s’amplifier.

Comment faire pour vous acheter un panier de légumes anti-gaspi ? Quelle est la marche à suivre ?

Venez sur notre page Facebook ou Instagram : FinisteRestes 29 ! Dessus, vous verrez toutes nos adresses et nos horaires d’ouverture. Dans deux mois, on va aussi créer un site internet et ce sera encore plus facile de passer commande.

 

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)