Katell Alençon : « Je vis à 2000 pour cent » !

2 février 2023 à 17h44 par Denis LE BARS

Le Sport comme remède. C’est le thème retenu cette année par l’ARCOM (l’Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), dans le cadre de la semaine du sport féminin. La paracycliste Finistérienne Katell Alençon constitue un parfait exemple de résilience. Nous l’avons rencontrée.

Katell Alençon
Katell Alençon
Crédit : Alouette

La vie de Katell Alençon a basculé en 2007. Fan de cyclisme, cette Brestoise de 36 ans a participé aux dernier Jeux Paralympiques où elle a pris la 5ème place du contre-la-montre. Elle a, depuis, décroché la médaille d’or aux derniers championnats d’Europe.

Vous pratiquez donc le cyclisme depuis vos 5 ans. Malheureusement, en 2011 à l'âge de 25 ans, votre vie a complètement basculé. Pouvez-vous, dans un premier temps, nous raconter en quelques mots ce qu'il s'est passé pour vous cette année-là ?

En 2007, j’ai eu une entorse de la cheville en descendant de mon vélo. Ont suivi quatre ans et demi de galères, avec un pied qui s’est déformé, qui s’est nécrosé, une grosse infection, en fait. Et deux ans après l’entorse, j’ai décidé que je devais être amputée. J’ai mis un peu de temps à obtenir cette amputation. Parce que, pour les médecins, c’était tout simplement un échec. Donc j’ai fini par obtenir cette amputation en 2011. Ça a été le début d’une reconstruction et d’un retour à la vie, en fait.

Cette épreuve vous a-t-elle fait voir la vie autrement ? Qu'a changé pour vous cet accident de la vie, concrètement ?

Ça a changé ma vision de la vie et ma vision des choses. Aujourd’hui, je vis à 2000%. Chaque minute que la vie m’offre, j’en profite. Je vis au jour le jour et profite de l’instant présent. Avant j’avais tendance à me projeter beaucoup et, puis, à vivre le lendemain. Maintenant je vis au jour le jour et c’est vrai que j’apprécie cette vie-là aussi.

Après cette période difficile, vous avez donc repris la compétition grâce à une prothèse. Le cyclisme a été un remède pour vous à cette période-là ?

Ce n’est pas parce qu’on tombe dans les escaliers un jour qu’on ne va plus jamais reprendre les escaliers. Donc je me disais qu’il fallait vraiment que je remonte sur un vélo, déjà, pour prouver à tout le monde que j’étais encore capable de rouler. Au début, c’était un petit peu compliqué, c’est vrai que je n’ai pas réussi tout de suite à suivre un peloton en course, évidemment. Mais ne serait-ce que réussir à suivre les poussins, au départ, c’était important pour moi. Je me disais : « Chouette, je suis sur un vélo, j’y arrive, j’ai une prothèse qui me permet de le faire, donc, je fonce ! ».

Si vous deviez faire passer un message à celles et ceux qui, tout comme vous, ont été victimes d'un accident de la vie tel que le vôtre, quel serait ce message ?

Il y a une phrase d’Albert Camus que je sors souvent, c’est : « L’important n’est pas de guérir, mais d’apprendre à vivre avec ses maux. ». C’est une phrase qui, pour moi, a été importante dans mon parcours. Et finalement, qui m’a permis, moi, de toujours me dire : « Que ça va aller, ça va passer et tu vas te reconstruire. ».

(retranscription M. Le Gac)