Le Festival de la BD d'Angoulême s'est refermé entre succès et polémiques
Publié : 3 février 2025 à 13h04 par Nicolas Mézil avec AFP
Le festival de la BD d'Angoulême affiche une fréquentation en hausse en 2025, tout en étant agité, en coulisses, par une virulente mise en cause de son management et de sa stratégie, "mercantile" selon ses détracteurs.
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Avant même le début de cette 52e édition, refermée ce dimanche 2 février, le coup de semonce est venu d'un article de l'Humanité Magazine.
Il accuse le Festival international de la bande dessinée (FIBD) de "dérives", notamment avec une hausse de 25% des tarifs pour le public, et d'avoir licencié en 2024 une salariée peu après sa plainte pour viol.
Le FIBD, dont l'organisation est confiée depuis 2007 à la société 9e Art+, a aussitôt défendu sa stratégie de "toucher le plus grand nombre" et assuré n'avoir jamais "failli dans ses obligations" vis-à-vis de son ex-employée.
"Un festival qui perd son âme"
Mais l'incendie s'est vite propagé dans le microcosme. "Ça secoue beaucoup de gens dans le festival comme chez les auteurs", confie une source interne.
Sur les réseaux, des auteurs de BD ont publié des dessins peu amènes pour le président de 9e Art+, Franck Bondoux, après un premier message posté par Florence Cestac, grand prix d'Angoulême en 2000.
"C'est l'histoire du viol qui m'a poussée à faire ça, j'ai trouvé ça immonde", dit-elle à l'AFP, confiant par ailleurs son impression d'un festival qui "perd son âme".
Sur leurs stands à Angoulême, les éditeurs indépendants ont, eux, affiché des messages de soutien "On te croit" à l'ex-salariée, qui vient de saisir les prud'hommes pour contester son licenciement, selon son avocat Arié Alimi.
Inquiétude jusqu'au ministère de la Culture
Plusieurs intervenants ont aussi interpellé le festival lors de la remise des Fauves 2025 samedi soir, qui a notamment sacré "Deux filles nues" de Luz.
L'affaire a ému jusqu'au ministère de la Culture qui a indiqué à l'AFP être "particulièrement interpellé" par cette affaire et être plus généralement inquiet des "dysfonctionnements" au sein du FIBD.
Cette semaine, les grands éditeurs ont également exprimé leur "profonde préoccupation" s'agissant d'un festival crucial et qui a essuyé des pertes en 2024.
Leur syndicat national a appelé "instamment" au lancement d'un "appel d'offres en bonne et due forme" alors qu'approche une échéance majeure pour le renouvellement de la convention liant l'association FIBD Angoulême, fondatrice du festival, à 9e Art+.
Le directeur général de Dargaud, l'un des poids lourds du secteur, menace, dans le journal Sud-Ouest de ne pas revenir "si les problèmes ne sont pas vite réglés."