Les Français n'ont jamais fait aussi peu de bébés : est-ce une bonne nouvelle ?
5 janvier 2024 à 8h04 par Joséphine Point
Une tendance que l'on retrouve également dans nos régions.
Le nombre de naissances devrait atteindre un point bas historique en 2023. Selon l'Insee, il a chuté de presque 7% par rapport à 2022 qui était déjà une année record depuis la Seconde Guerre mondiale.
On retrouve cette tendance dans nos régions avec des reculs de 6% en Bretagne, 7% en Pays de la Loire ou encore 8% en Nouvelle-Aquitaine, d'après les chiffres publiés par l'Insee.
Sur le seul mois de novembre 2023, 56 297 bébés ont vu le jour en France, soit 5,1% de moins qu'un an plus tôt. Il s'agit du 17e mois consécutif de recul, lorsqu'on compare mois par mois à la même période de l'année précédente.
Comment expliquer cette baisse ?
L'Insee met en avant un facteur démographique : le nombre de femmes de 20 à 40 ans, soit en âge de procréer, a diminué.
En outre, les générations de femmes moins nombreuses procréent moins, peut-être en raison de facteurs sociaux. "Pour fonder une famille, il faut avoir de l'espoir. Or les jeunes générations sont peut-être plus habitées par l'inquiétude quant à leur avenir", commente Catherine Scornet, maîtresse de conférence à l'Université d'Aix-Marseille. La conjoncture économique incertaine, marquée par une forte inflation, le contexte de guerre en Ukraine et au Moyen-Orient ainsi que le réchauffement climatique créent ainsi un "climat d'incertitude" qui peut freiner l'envie d'avoir un enfant, ajoute-t-elle.
La sociologue démographe relève aussi des changements d'aspirations : certains couples décident d'avoir moins ou pas d'enfant du tout pour des "raisons libertaires", liées à "l'émancipation individuelle". Ils préfèrent rester libres pour prioriser d'autres projets. "Les femmes diplômées sont celles qui se projettent le plus en dehors de la maternité, elles s'investissent et s'épanouissent dans d'autres domaines personnels ou professionnels", précise Catherine Scornet.
Quelles sont les conséquences ?
Dans un premier temps, la présence d'un moindre nombre d'enfants a un effet "positif" sur les finances publiques puisque cela signifie "moins de dépenses en matière d'éducation, de soins et d'allocations", explique Hippolyte d'Albis, professeur à l'École d'économie de Paris. Le pays peut alors investir dans d'autres domaines.
La situation peut se complexifier lorsque ces générations atteignent l'âge adulte : la part de la population active, dont dépend le "dynamisme d'une économie et l'équilibre des comptes sociaux", risque de diminuer. "On peut toutefois jouer sur d'autres leviers pour accroître la population active : par exemple, favoriser l'emploi des seniors, des femmes ou avoir recours à l'immigration", ajoute l'économiste.
(avec AFP)