Mission Patrimoine 2022 : "C’est vraiment formidable de se dire que notre modeste petite chapelle a été choisie pour représenter la Loire-Atlantique"

Publié : 9 septembre 2022 à 13h05 par Alexandrine Douet

La cinquième saison de la Mission Patrimoine est lancée depuis plusieurs jours avec la mise en vente de jeux à gratter et plusieurs tirages du Loto du Patrimoine prévus jusqu'au 17 septembre. 100 nouveaux sites ont été sélectionnés pour cette nouvelle mouture. Parmi eux figurent la chapelle Saint-Georges dans le nord de la Loire-Atlantique, à Guémené-Penfao.

La chapelle Saint-Georges de Guéméné-Penfao, parmi les sites retenus par la Mission Patrimoine 2022
La chapelle Saint-Georges de Guéméné-Penfao, parmi les sites retenus par la Mission Patrimoine 2022
Crédit : mairie-guemene-penfao.fr

Depuis 2018, l'opération orchestrée par Stéphane Bern, mise en oeuvre par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et la Française des Jeux, a pour but de sauver des monuments en péril.
Cela fait aussi plusieurs années que la municipalité de Guémené-Penfao se mobilise pour trouver des financements afin de rénover la chapelle Saint-Georges, datant du Moyen-Âge.
Entretien avec la maire Isabelle Barathon qui se réjouit de ce coup de projecteur sur sa commune, à quelques jours de la 39e édition des Journées du Patrimoine.

La chapelle Saint-Georges fait partie de cette nouvelle « promo » de la Mission Patrimoine. Pouvez-vous nous expliquer comment, au tout départ, la chapelle s’est-elle retrouvée en compétition ?

Depuis plus de dix ans, la municipalité de Guémené se bat pour la sauvegarde de cette petite chapelle que l’on affectionne. On avait depuis longtemps envie de la rénover avec la volonté d’y intégrer une biographie pour faire vivre nos chemins de randonnée. Nous sommes en partenariat avec la Fondation du patrimoine depuis quelques années. Donc, c’est grâce à eux que nous avons monté ce dossier pour la deuxième ou troisième fois où nous nous sommes portés candidat à cette Mission Patrimoine.

Dans quel état est cette chapelle, aujourd’hui ?

Elle est en très mauvais état, elle a vraiment besoin qu’on prenne soin d’elle. La toiture à besoin d’être refaite, la charpente consolidée et les vitraux refaits afin d’être hors d’eau et hors d’air, c’est notre priorité.

Pourquoi est-ce que, vous, vous l’affectionnez autant ? Pourquoi les habitants de Guémené et des alentours l’apprécient autant ?

Parce que c’est une chapelle très simple, une chapelle extrêmement rustique. C’est le dernier vestige d’un prieuré, ça remonte au Moyen-Âge et c’était le poumon de la frairie de Penfao. C’est la dernière trace qu’il nous reste de cette organisation sociale très particulière, de ce territoire entre la Bretagne et la Loire-Atlantique où les frairies avaient un rôle social très fort à taille humaine sur notre grande commune, Donc, c’est la dernière trace de cette vie, qui est à son image, c’est-à-dire très simple et rude de la vie paysanne. On y tient beaucoup. Nous sommes toujours une commune agricole et on tient beaucoup à cette image.

C’est une chapelle qui n’est pas vraiment "classique" ? C’est-à-dire une chapelle, telle qu’on l’imagine, avec des dorures, etc... ? Là, ce n’est pas vraiment le cas ?

Pas du tout, elle est extrêmement simple, elle est rude. Dès qu’on rentre, on se trouve face à un grand retable peint d’une jolie couleur bleue toute passée. Pour exemple, ce retable a été fait par un simple menuisier qui faisait des portes de placards. Mais, il est magnifique, il est tout simple, en effet, il n’y a pas de dorures. C’est ce qui en fait son charme. Tout l’intérieur est resté vraiment dans son jus.

Est-ce qu’on peut la visiter, aujourd’hui, ou pas du tout ?

Elle est ouverte tous les jours. On a le gardien des clés juste à côté qui depuis des années ouvre la chapelle. D’ailleurs, je vous incite à venir jusqu’à nous tout au nord du département de la Loire-Atlantique pour la visiter.

C’est-à-dire qu’elle n’est pas en très bon état mais on peut la visiter en toute sécurité, malgré tout ?

Oui, on peut entrer en toute sécurité. On fera, d’ailleurs, une animation plus importante aux Journées du Patrimoine.

Ce sera, donc, l’occasion de la visiter aux Journées du Patrimoine. C’est-à-dire qu’elle risque de rencontrer, peut-être, un succès un peu plus important que d’habitude ?

Je le pense, en effet. Donc, nous avions prévu cette année une autre animation en maire de Guémené mais nous allons nous dédoubler pour assurer l’accueil, animer et renseigner autour de cette petite chapelle. Sachant qu’à l’intérieur, on a déjà toute une signalétique qui a été faite grâce à un travail d’un historien qui est tombé, lui aussi, amoureux de cette chapelle. Je tiens vraiment à le remercier parce qu’il nous a effectué un travail de recherches très poussé. Donc, nous avons toutes les informations sur l’histoire de cette petite chapelle.

Une fois rénovée, elle va servir à quoi ? Est-ce qu’elle va redevenir un lieu de culte ? Est-ce que ce sera un lieu pour accueillir des animations culturelles ?

Non, ce ne sera pas un lieu de culte. L’idée, c’est vraiment d’en faire un lieu, donc, de pause sur nos chemins de randonnée. Elle se trouve sur les chemins de randonnée quand on parcourt la Vallée du Don et qui mène à une autre chapelle très connue dans le coin, qui s’appelle la chapelle des Lieux Saints. Donc, c’est sur le même parcours. Actuellement, beaucoup de monde randonne déjà devant cette chapelle. Ce sera l’occasion d’y faire une pause et d’y découvrir à l’intérieur une muséographie qui nous racontera cette vie des prairies, l’histoire, l’évolution du monde agricole, cette évolution qui est très intéressante à mettre en avant en se servant de ses murs.

A chaque fois depuis le lancement de cette Mission Patrimoine, on imagine qu’il y a de nombreux dossiers qui circulent. On imagine aussi votre joie quand vous avez appris que la chapelle Saint-Georges était retenue. Est-ce que vous vous souvenez de ce jour-là ?

Oui, c’était lundi 29 août et je l’ai su un petit peu avant les autres. Je l’avais gardé pour moi, je voulais vraiment être sûre que ce soit vrai (rires). Nous en sommes tous vraiment ravis parce que tout le monde s’intéresse à nous, notamment les médias et je vous en remercie.

C’est un vrai coup de projecteur sur votre commune ?

Vraiment ! C’est vraiment formidable de se dire que notre modeste petite chapelle a été choisie pour représenter la Loire-Atlantique. Nous en sommes extrêmement fiers et reconnaissants vis-à-vis du jury de Mission Patrimoine.

Est-ce que les fonds ont déjà été débloqués pour les travaux de restauration ? 

Une partie des fonds a déjà été débloquée. Donc, nous avons avancé déjà avec un cabinet d’architecture qui nous a fait un premier diagnostic, et là, nous allons avancer avec un autre architecte pour la mise en œuvre des travaux. Nous sommes déjà soutenus par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et une partie des aides de l’Etat. Donc, ça viendra faire un complément. Les travaux sont prévus pour démarrer début 2023. Ça va nous conforter pour pouvoir aller, certainement, plus loin. Je ne connais pas encore la somme qui nous sera attribuée mais nous pourrons aller plus loin puisque nous avions phasé ces travaux en plusieurs parties, au fur et à mesure du déblocage de nos moyens.

Quel est le coût de ce chantier pour l’instant ?

Le chantier, si on le faisait vraiment dans sa globalité, se monte à près de 600.000 euros. On ira pour l’instant jusqu’à la moitié.

Le chantier devrait se terminer quand à peu près ?

Je ne peux pas vous dire, actuellement, jusqu’à quand on va pouvoir phaser nos travaux. Fin 2024, une grosse partie sera faite, en tout cas, il sera hors d’eau et hors d’air avec de nouveaux vitraux.

L’idée, ce n’est pas forcément de la remettre à neuf ? C’est aussi de garder un peu un côté rustique ?

Oui, complètement. L’idée, c’est de la garder "dans son jus". Quand on y rentrera, on n’aura pas l’impression que quelque chose ait bougé. Surtout pas du neuf ! La volonté, c’est d’avoir cette impression que l’on a actuellement quand on y rentre, on se retrouve projeté au Moyen Âge et c’est ce que l’on aime.

Pour revenir sur ces Journées du patrimoine, c’est-à-dire que vous allez recruter peut-être pour pouvoir accueillir plus de monde que prévu car c’est ce qui risque d’arriver ?

Oui, on va se partager le temps avec mes différents collègues élus et j’ai quelques passionnés du patrimoine, localement, qui se feront un plaisir de faire le guide tout en s’appuyant sur le travail de notre historien qui sera, lui-même, présent lors de ces Journées du patrimoine.

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)