"Ces incendies ne sont pas naturels. Maintenant, on en est sûrs", selon Yves Boucher, maire de Brain-sur-Allonnes

26 avril 2021 à 13h36 par Emma Piau

Ce dimanche 25 avril, deux nouveaux incendies se sont déclarés dans le massif de La Breille-les-Pins, sur la commune de Brain-sur-Allonnes, près de Saumur. Depuis le 7 avril, dix incendies ont déjà détruit plusieurs hectares de forêt. La piste criminelle ne fait plus aucun doute. Nous nous sommes entretenus avec le maire de Brain-sur-Allones, Yves Boucher.

ALOUETTE
Crédit : Unsplash

Le massif forestier de La Breille-les-Pins a été, une fois de plus, visé par des incendies criminels. Il s’agit des neuvième et dixième depuis près de trois semaines. L’enquête est en cours, mais à ce jour, le ou les pyromanes n’ont pas été retrouvés.

Comment expliquez-vous ces phénomènes qui s’accumulent ?

Ces incendies ne sont pas naturels. Maintenant, on en est sûrs. Quelque fois, un incendie démarre alors que les pompiers sont 300 mètres plus loin en train d’en arrêter un autre. Depuis plus de quinze jours, la population est très inquiète. J’ai été obligé de prendre des arrêtés pour interdire l’accès à la forêt. Cela permet à la gendarmerie d’enquêter sur cette affaire et de mettre fin aux agissements de ce pyromane.

Quand vous signez ce genre d’arrêté interdisant l’accès à la forêt, vous ne pouvez pas la fermer complètement ? 

Oui, en effet, on ne peut pas la fermer totalement. On interdit à toute personne d’aller en forêt, sauf les exploitants forestiers, les services de secours et les services techniques. C’est théorique bien sûr, les allées ne sont pas fermées. Mais ça permet de limiter les risques. Ce genre d’arrêté vise deux choses : première chose, réduire drastiquement le nombre de personne en forêt pour leur sécurité en cas d’incendie et seconde chose, pouvoir arriver à investiguer pour que l’on puisse arrêter ce qui est en train de se passer. J’espère que ça va s’arrêter le plus vite possible avant que quelque chose de plus grave n’arrive.

Est-ce toujours le même mode opératoire ?

On n’a aucun élément pour le moment. La forêt est très sèche actuellement et beaucoup d’éléments sont facilement inflammables. Jusqu’à maintenant, on n’a pas vu d’éléments extérieurs ajoutés pour accélérer le feu.

Avez-vous une idée sur le genre de personne à pouvoir faire ça ?

La seule chose qu’on sait, c’est qu’il faut que ce soit quelqu’un qui connaisse bien la forêt. C’est automatiquement quelqu’un qui a une connaissance parfaite de la forêt et qui est très mobile. C’est tout ce que l’on sait pour le moment.

C’est quelqu’un qui peut y entrer et en sortir sans se faire interpeller ?

La particularité de la forêt, c’est qu’il y a des routes pour la traverser. On a aussi des pare-feux qui sont très entretenus et beaucoup de chemins. Ce qui veut dire que la forêt est accessible de partout. C’est facile d’y entrer et d’en sortir. La présence de la gendarmerie n’enlève pas le fait que vous pouvez aller très vite d’un point à un autre au sein de cette forêt.

Comment se traduit l’inquiétude pour vous et pour vos concitoyens ?

Les gens sont inquiets et surveillent la forêt parce que c’est leur forêt, c’est un lieu de balades, c’est la nature et les gens ici sont très proches de la nature.

Que pensez-vous du travail des pompiers dans tout cela ?

L’avantage pour les pompiers, c’est qu’on a une caserne sur la commune. Ils ont 500 mètres à faire et ils sont déjà en forêt. Ils connaissent, eux aussi, très bien cette forêt et toutes les casernes autour sont équipées de véhicules spécifiques aux feux de forêts. Le fait qu’on limite souvent les surfaces brûlées, c’est grâce à la rapidité des sapeurs-pompiers.

La plupart des pompiers sont des pompiers bénévoles qui ont un travail à côté, c’est éprouvant pour eux et ces incendies à répétition les mettent en danger. Cela inquiète aussi les propriétaires forestiers qui voient leur capital partir en fumée.

Généralement, dans ce genre d’affaire, on finit toujours par trouver le pyromane. Etes-vous relativement confiant de votre côté ?

Oui, on va le trouver. En attendant, ça inquiète. Aujourd’hui, c’est la forêt mais on ne sait pas jusqu’où ça peut aller. Mais on va le trouver, on doit le trouver !

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)