Charente-Maritime : les vols d’huitres en hausse à l’approche des fêtes de fin d’année

18 décembre 2019 à 9h12 par Fabienne Lacroix

Près de 25 tonnes d’huitres ont été dérobées en 2019 dans les parcs ostréicoles de Charente-Maritime. C’est près de 4 fois plus qu’en 2018.

ALOUETTE
Crédit : Archives

Elles seront encore bien présentes sur les tables pour les réveillons de Noël et du 1er de l’an. Les huitres de Charente-Maritime attisent pourtant les convoitises. Malgré la surveillance renforcée des gendarmes, les vols ont repris de plus belle cette année : 24,7 tonnes ont disparu des parcs qui s'étendent le long du littoral ou dans les claires d'affinage, à terre, contre 6,6 tonnes l'an dernier.

24 plaintes déposées

Les gendarmes multiplient pourtant les opérations de surveillance: contrôle des claires et des routes à terre, approche en canoë-kayak à travers les canaux d'irrigation qui relient les claires à l'océan, drones aériens, surveillance nautique, inspection des étals de marchés... Malgré tout, 24 plaintes ont déjà été déposées cette année.

"On nous a volé 600 kilos d'huîtres en même pas trois quarts d'heure en octobre, témoigne Patricia Margat, exploitante à Fouras. On a mis les huîtres en parc le vendredi et le lundi c'était fait. Et encore, les voleurs ont dû être dérangés par quelqu'un qui arrivait sur la passe d'accès parce qu'ils avaient détaché des poches qu'ils n'ont pas prises. Des huîtres prêtes à vendre. Ce n'est pas la première fois qu'on nous vole, mais là la quantité est importante".

"C'est la catastrophe, une année noire, on ne comprend pas ce qui se passe, dit à l'AFP l'adjudant-chef Christophe Laferrière, qui commande la brigade nautique de Charente-Maritime, chargée de surveiller le littoral. Ce dernier précise également que cette année, les vols ont débuté dès le mois de janvier, puis durant l’été, alors que d’habitude, ils ont lieu à l’automne, avant les fêtes.

Parfois, ce sont quelques poches de 13 kg d'huîtres qui disparaissent, ce qui pourrait être le fait de particuliers. Mais lorsque 2,4 tonnes sont volées sur l'île de Ré, ou encore 3,8 et 5,3 tonnes d'un seul coup dans le bassin de Marennes-Oléron, "il faut des moyens humains et matériels. Ça ne peut être que l'œuvre de professionnels", estime Daniel Coirier, le président du Comité régional de la conchyliculture de Poitou-Charentes.

Enjeu économique important

La Charente-Maritime représente le tiers des expéditions nationales d'huîtres, soit quelque 30.000 tonnes faisant vivre un petit millier d'exploitants locaux.

.Pour enrayer le phénomène, "il faudrait que l'on puisse clairement identifier les parcs à huîtres, qui ne sont délimités que par un bâton ou un fanion, expose l'adjudant-chef Laferrière. On a fait une demande au service des cultures marines de Charente-Maritime pour avoir le cadastre des claires et effectuer ainsi des contrôles plus facilement. Il faudrait aussi que les ostréiculteurs installent des clôtures autour des claires, ou des caméras, ou bien fassent appel à des agents de sécurité".

Emmanuel Parlier, fondateur de la société Flex-Sense, qui développe les huîtres connectées par GPS et cachées dans les poches de coquillages, plaide pour son système. "Les huîtres connectées sont très efficaces, mais je constate régulièrement que des ostréiculteurs ne veulent pas payer une dizaine d'euros d'abonnement mensuel pour se protéger. Ils veulent attraper les voleurs. Ils font alors supporter le coût de la surveillance par la force publique", dit cet expert judiciaire en aquaculture auprès de la cours d'appel de Poitiers.

(avec AFP)