Coronavirus : la France planche sur une application pour enrayer l’épidémie
9 avril 2020 à 6h42 par Bastien Bougeard
Le gouvernement travaille à un projet baptisé "StopCovid". Il vise à "développer une application qui pourrait limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission" tout en étant respectueuse de la vie privée et des libertés individuelles.
Utiliser les données de nos téléphones pour lutter contre le coronavirus, tout en évitant les atteintes aux libertés individuelles : c’est le sujet épineux sur lequel planche le gouvernement français. Une application mobile est en projet pour "identifier les chaînes de transmission", sur "la base du volontariat".
Utilisation du Bluetooth et non de la géolocalisation
Dans un entretien accordé au Monde, le secrétaire d’état au numérique, Cédric O explique que le projet nommé « StopCovid » devrait identifier les chaînes de transmission. "Aucune décision n'est prise, mais l'idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même, et si besoin d'être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner". L'application s'appuie sur la technologie Bluetooth, qui permet à nos smartphones d'identifier des appareils à proximité (écouteurs, enceintes, imprimantes...), et non le recueil de données de géolocalisation. "Elle retracera l'historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents, sans permettre aucune consultation extérieure, ni transmettre aucune donnée", selon Cédric O.
Quid des données personnelles ?
"Les données seront anonymisées et leur utilisation compatible avec le droit européen sur les données personnelles, selon le ministre de la Santé Olivier Véran. Personne n'aura accès à la liste des personnes contaminées, et il sera impossible de savoir qui a contaminé qui". Si ce dispositif est mis en œuvre, il doit l'être pour une "durée limitée" et il faut s'assurer du "consentement libre et éclairé" de l'utilisateur, a pour sa part insisté Marie-Laure Denis, présidente de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, le gendarme de la protection des données privées.
Déjà une application à Singapour
Le système ne fonctionnant qu'entre personnes ayant téléchargé l'application, il faudra atteindre une masse critique suffisante. Selon une étude de l'université britannique d'Oxford publiée dans la revue "Science", une telle application peut aider à enrayer la propagation du virus à condition d'être utilisée par 60 % de la population. Singapour a recours à ce système, qu'elle a baptisé Trace Together : une application lancée le 20 mars y avait été téléchargée un million de fois au 1er avril pour une population totale dans la ville-État de 5,7 millions de personnes. Mais la hausse des cas ces dernières semaines a depuis poussé Singapour à également fermer écoles et lieux de travail et à placer près de 20.000 travailleurs migrants en quarantaine.
(Avec AFP)