Covid-19 : vers un durcissement des mesures ?

17 septembre 2020 à 5h26 par Arnaud Laurenti

Après Lille, Marseille et Bordeaux, le gouvernement prépare les esprits à un durcissement des contraintes sanitaires dans plusieurs territoires face au rebond de l'épidémie de Covid-19, alors que les Français affichent leur scepticisme sur sa stratégie.

ALOUETTE
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Près de 10 000 nouveaux cas de contamination ont été enregistrés dans les dernières vingt-quatre heures, tout près du niveau record depuis le lancement des tests à grande échelle dans le pays, a annoncé mercredi Santé Publique France. Et 46 malades du Covid sont décédés à l'hôpital contre 37 la veille.

Retour des points hebdomadaires

Le ministre de la Santé Olivier Véran va de nouveau monter en première ligne ce jeudi à 17h00 pour défendre et détailler la politique anti-Covid, dans un point de presse qui redeviendra hebdomadaire.

Il fera "une présentation claire pédagogique de la stratégie" du gouvernement "pour vivre avec le virus", a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue d'un conseil des ministres de nouveau dominé par la gestion de la pandémie.

"Toute la transparence" sera donnée "sur les chiffres" des contaminations, "département par département", a assuré Emmanuel Macron, qui a de nouveau prévenu que le virus allait continuer à sévir "pendant des mois" en France.

"Il tourne de plus en plus vite dans certains départements, ce qui conduit le gouvernement à durcir un peu les règles", a-t-il ajouté, encourageant les Français à "s'accrocher" avant "des jours meilleurs", après avoir assisté, masqué, à la 17e étape du Tour de France, à Méribel (Savoie).

Hausse des hospitalisations

Parmi les métropoles où des contraintes pourraient être annoncées figure Lyon, le département du Rhône présentant un taux d'incidence de 168 cas pour 100 000, le deuxième plus important de la métropole après les Bouches-du-Rhône.

À Toulouse, première ville à imposer le port du masque, le maire LR Jean-Luc Moudenc juge inéluctable un renforcement des mesures sanitaires. "On voit les indices se dégrader, donc, on ne peut pas rester les bras croisés, on a le devoir d'aller plus loin, on y travaille. On doit se prononcer sur la prolongation (du port du masque) et des compléments de mesures", a-t-il dit mercredi lors d'une conférence de presse.

Globalement, la France voit se multiplier le nombre de cas et d'hospitalisations. Près de 3 000 malades (2 976) ont été hospitalisés sur les sept derniers jours, dont 649 dans les dernières 24 heures, confirmant une courbe ascendante (545 lundi et 642 mardi). 508 patients Covid se trouvaient mercredi soir en réanimation.

Des tests plus rapides

Le gouvernement doit répondre non seulement à ce rebond mais aussi surmonter la méfiance croissante de la population. Près d'un Français sur deux trouve que l'exécutif ne prend "pas assez de précautions et 62% ne lui font "pas confiance" pour lutter contre l'épidémie, 6 points de plus que fin août, révèle un sondage Elabe pour BFMTV.

Parmi les points critiqués figure l'application Stopcovid qui, a reconnu M. Attal, n'a "pas trouvé son public", avec moins de 3 millions de téléchargements. La priorité aux tests pour ceux qui ont l'application, évoquée dans la presse, n'est "pas à l'ordre du jour", a-t-il par ailleurs ajouté.

Pour accélérer la détection des cas, le gouvernement vient d'autoriser les tests rapides "antigéniques".

Une rentrée mitigée

La rentrée scolaire et universitaire reste à hauts risques. 81 établissements scolaires et un peu plus de 2.100 classes ont été fermés depuis début septembre. Mais cela ne représente que "0,13%" des quelque 60 000 établissements scolaires du pays", a souligné le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

En application de la nouvelle stratégie "territorialisée", toute mesure anti-Covid nouvelle sera annoncée sur place par le préfet, après concertation avec les élus locaux, afin d'éviter les accusations de décisions verticales prises depuis Paris.

L'Etat gardera ses pouvoirs exceptionnels de restriction des rassemblements et des déplacements, le conseil des ministres ayant adopté mercredi un projet de loi qui prolonge ces autorisations de six mois, jusqu'en avril 2021.

"Compte tenu de la situation sanitaire, il est nécessaire d'anticiper et de nous donner tous les outils pour continuer à combattre l'épidémie", a expliqué Gabriel Attal.

C'est ce dispositif qui avait permis d'annoncer lundi des mesures plus contraignantes dans les Bouches-du-Rhône, le Nord et la Gironde - interdiction des soirées dansantes dans les bars et des fêtes étudiantes, la suspension des sorties scolaires ou la limitation des rassemblements dans les parcs et les plages.

Mais, a insisté Emmanuel Macron, "chaque fois" qu'il est possible d'organiser de grands rendez-vous culturels ou sportifs, "on doit les tenir, avec des contraintes". Il a cité en exemple "l'extraordinaire travail" réalisé par les organisateurs du Tour de France, ou le tournoi de tennis de Roland Garros, prévu du 27 septembre au 11 octobre.

À la liste des nombreuses manifestations annulées, s'est ajouté mercredi le festival du film britannique de Dinard, qui devait être présidé par Emmanuelle Béart à partir du 30 septembre, en raison "des chiffres inquiétants" de contamination en Ille-et-Vilaine.

(avec AFP)