Feux d'artifice annulés : "C'est une situation totalement inédite" (Jacques Couturier)

14 juillet 2020 à 5h10 par Arnaud Laurenti

Jacques Couturier, président de l'entreprise spécialisée dans les spectacles pyrotechniques, évoque les annulations ou reports des feux d'artifice du 14 juillet. Une situation inédite, qui se caractérise par un manque de visibilités sur les prochains mois. Entretien.

ALOUETTE
Crédit : Jacques Couturier | DR

C'est l'une des périodes les plus importantes pour les artificiers et pourtant : il n'y aura quasiment pas de feux d'artifice cette année pour le 14 juillet. Conséquence des mesures sanitaires prises pour lutter contre la propagation du Covid-19. En Vendée, l'entreprise de Jacques Couturier, qui signe de nombreux spectacles pyrotechniques dans le Grand Ouest et partout en France, a vu la quasi totalité de ses réalisations annulées ou reportées. Une situation inédite.

Comment vivez-vous la situation actuelle et les annulations à répétition ?

Nous avons eu une période positive il y a 3 semaines, avec différentes villes prêtes à réaliser leurs feux : Lyon, Toulon, les Sables d'Olonne, la région parisienne... Mais au fil du temps, ces événements ont été annulés, ou reportés. Ce qui fait qu'aujourd'hui, on est au niveau 0.

À Parthenay, nous avions établi un concept un peu identique à celui de Lyon, avec un feu d'artifice visible de toute la ville, tiré depuis les hauteurs, sans rassemblement, mais finalement l'événement a été annulé.

C'est un peu comme la chanson "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux"... On a quand même le plaisir d'avoir des maires qui n'annulent pas mais reportent en septembre ou en octobre pour les vacances de La Toussaint. On espère que tout ça va pouvoir se dérouler.

Le plus terrible dans cette situation, c'est l'incertitude, et l'impuissance. On avait une saison magnifique, qui s'annonçait encore meilleure que les saisons précédentes - et nous nous retrouvons dans une situation d'impuissance totale. Nous ne pouvons en vouloir à personne. C'est une situation totalement inédite.

Selon vous, les sociétés d'artificiers doivent s'adapter à cette nouvelle situation ?

Non, je pense que le concept que nous avions proposé à Parthenay (qui été refusé par la préfecture ndlr) peut fonctionner dans des villes comme celle-ci, avec des points hauts, mais ça ne peut devenir une règle générale.

Certains avancent que les événements en plein-air sont un peu moins sujets à risque ?

Oui, mais "en même temps"... Le fait est que je n'ai pas envie, moi, de faire des spectacles, et qu'après on se dise qu'on a créé une zone de risque. La difficulté c'est que si on fait un spectacle dans une commune, à Saint-Florent-des-Bois par exemple, et qu'il n'y a aucun spectacle autour... D'habitude, il y a 2 ou 3000 personnes. Mais là, il y en aurait beaucoup plus. Donc la situation est quand même difficile à gérer.

Avez-vous pu chiffrer les annulations et les pertes de votre entreprise ?

Il y a des feux d'artifice annulés, reportés, certains à une date aléatoire... Il est encore difficile de chiffrer les annulations. Mais si on arrive à limiter nos pertes à 30% du chiffre d'affaires, ce sera déjà un bon score. On reste dans l'incertitude, même pour septembre. Et c'est très inconfortable.

Votre équipe arrive à rester motivée ?

On a le moral. On a décidé qu'on y arriverait. Vous savez, avec une bonne équipe, on va au bout du monde. On va se retrouver le 14 juillet, même sans feu d'artifice, pour manger tous ensemble.