Jérôme Tréhorel : « Deux années de suite sans Vieilles Charrues, c’est impossible ! »

29 janvier 2021 à 10h06 par Gabriel Macé

Interview de Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Charrues, l’un des plus importants festivals de France se déroulant (normalement) tous les étés dans le Finistère, à Carhaix. Avec Ben Barbaud, patron du Hellfest, ou encore Lisa Belangeon, coordinatrice du Festival au Foin de la Rue en Mayenne, ils rencontrent ce vendredi la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot.

ALOUETTE
Crédit : Facebook / Vieilles Charrues / Mathieu Ezan

Qu’attendez-vous de cette réunion organisée par Roselyne Bachelot/?

Au-delà de cette réunion, on échange déjà très régulièrement, voir quotidiennement, entre organisateurs de festivals, on observe l’évolution de la situation sanitaire et on se pose tous les mêmes questions. On va devoir prendre des décisions rapidement concernant nos événements parce qu’un festival ne se monte pas en quelques jours, c’est beaucoup de préparation, il y a des enjeux financiers importants, des enjeux au niveau du social aussi avec l’embauche de beaucoup de personnes pour la tenue de nos événements. On est à une période où on a besoin d’avoir de la visibilité et des réponses concrètes pour savoir si ce sera possible, et si c’est le cas, comment ce sera possible. On a besoin de connaître les critères du ministère, ou du gouvernement, qui seront retenus pour prendre des décisions. On se pose beaucoup de questions, notamment autour des tests PCR et de la vaccination, on espère vraiment avoir des réponses à nos questions à l’occasion de cette réunion. L’idée, c’est d’essayer d’avoir davantage de visibilité, même si on sait que c’est compliqué au regard de la situation sanitaire, pour pouvoir exister, organiser nos événements, créer cette rencontre entre le public et les artistes, et animer nos territoires.

Avez-vous une date limite pour vous décider sur la tenue de votre festival cet été/?

Il faudra décider avant fin mars, c’est obligatoire. Obligatoire parce que derrière on engage davantage d’argent. Les recettes du festival, c’est la billetterie et les partenaires, on n’a pas de subventions. Donc, tout l’argent qui est engagé sur une nouvelle édition est à notre charge à 100%, c’est aussi pour ça qu’on a besoin de plus de visibilité. Il y aura forcément des adaptations à faire. Par exemple, si on est sur des jauges qui sont réduites, nos modèles économiques ne tiennent plus, c’est aussi de ça dont il va falloir discuter avec la ministre. On espère vraiment pouvoir trouver des solutions ensemble pour pouvoir jouer l’été prochain/!

Pensez-vous pouvoir jouer l’été prochain justement avec tout ce qu’il se passe actuellement/?

Je n’en sais rien, très honnêtement/! Une des clés, c’est sûr, c’est la vaccination. Le nombre de personnes vaccinées avant la fin du printemps aura peut-être une incidence bénéfique sur la tenue du festival l’été prochain, c’est une possibilité.

Êtes-vous prêt à réduire la jauge cette année si besoin ?

Si ce n’est pas un festival pleine jauge ou jauge debout, ça va complexifier les choses. C’est clairement un nouveau projet/! Selon les formats qu’on va nous proposer ou nous imposer, il y aura forcément des incidences financières importantes parce qu’on n’aura pas les mêmes recettes, donc pas les mêmes revenus. Si c’est ce scénario qui se dessine, c’est important pour nous d’avoir les informations sur l’accompagnement du gouvernement pour pouvoir réussir à mettre en place des événements adaptés et pour que nous arrivions tous à l’équilibre afin de redémarrer pleinement, je l’espère, en 2022.

Est-ce possible que le festival soit reporté à nouveau cette année ?

Non, on a vraiment envie de faire quelque chose avec l’équipe cette année parce que deux années de suite sans Vieilles Charrues, c’est impossible/! C’est une possibilité que le festival ne soit pas comme d’habitude, maintenant, on a vraiment envie de trouver des solutions, mais ce seront des solutions qui forcément nécessiteront des accompagnements de l’Etat pour qu’on puisse le maintenir.

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)