Kiplin : une appli 100% nantaise pour bouger et favoriser le lien social

22 avril 2021 à 10h05 par Alexandrine DOUET

En cette période de pandémie, certaines entreprises tirent leur épingle du jeu. C'est le cas de la société Kiplin qui propose des jeux en communauté via une application sur smartphone.

ALOUETTE
La start-up nantaise Kiplin a vu son activité s'accélérer depuis le début de la crise sanitaire.
Crédit : kiplin.com

Avec les confinements successifs, le couvre-feu et la généralisation du télétravail, nous sommes nombreux à avoir réduit voire stoppé toute activité sportive, et à nous isoler. Un contexte qui a permis à la jeune société Kiplin (en référence à l'écrivain britannique Rudyard Kipling, auteur du "Livre de la Jungle") de se développer.

Son concept : proposer via une appli smartphone, une activité ludique pour bouger et garder un lien social. Parmi ses clients figurent des entreprises, établissements de santé ou encore des universités. L'Université d'Angers a ainsi organisé en ce mois d'avril un challenge sportif pour faire bouger le campus : de nombreux étudiants et personnels de la faculté ont joué le jeu durant trois semaines.

Kiplin ne connaît pas la crise et a d'ailleurs enregistré pas moins de 100 000 utilisateurs en 2020. Entretien avec son PDG et fondateur, Vincent Tharreau.

Kiplin, c’est quoi exactement ?

On se définit comme un éditeur de jeux de santé. Notre mission, c’est de faire changer le comportement des gens via des jeux auxquels ils jouent sur leurs téléphones. Ce sont des jeux qui sont plus proches de jeux de société que de jeux de gamers. Il faut imaginer un jeu dans lequel, au lieu de lancer des dés pour avancer sur un plateau comme le jeu de l’Oie par exemple, au lieu de lancer des dés, il va falloir que vous soyez actifs, actifs de toutes les manières que vous souhaitez. Ça peut être de la marche à pied, du vélo, du jardinage ou du bricolage. Et avec cette activité, nos jeux transforment cette activité en points que vous allez pouvoir utiliser dans les jeux sur l’application.

Depuis le début de la pandémie, votre application a pris une tout autre dimension, le corps médical notamment s’intéresse à vous. Vous confirmez ?

Effectivement, depuis deux ans, ça s’est accéléré avec le contexte sanitaire. Notre solution est utilisée par des établissements de santé qui ont besoin de rendre leurs patients plus actifs, parce que c’est bon pour leurs thérapies et pour accompagner leurs parcours. On utilise le jeu pour faire changer de comportement puisqu’il est très inclusif, c’est-à-dire qu’il vous met en situation d’être actif mais sans vraiment vous expliquer pourquoi. C’est donc une manière assez douce de se remettre à l’activité physique.

Vous avez donc des partenariats avec des établissements de santé mais également avec des entreprises. C’est bien cela ?

Oui, le contexte sanitaire a aussi rendu complétement légitime le fait que des employeurs mettent à disposition de leurs collaborateurs une solution comme la nôtre. L’idée étant de leur permettre de rester actifs même en confinement ou en télétravail. Et puis surtout de rester en lien, puisque l’ensemble des jeux auxquels nos utilisateurs jouent sont des jeux auxquels on joue en équipe et qui sont collectifs. Vous créé une équipe avec vos collègues, avec d’autres patients du même établissement, avec vos amis de l’université ou avec votre famille… Vous jouez toujours avec d’autres joueurs, donc, ça renforce le lien social.

Pouvez-vous nous parler de ce défi qui se termine cette semaine au sein de l’université d’Angers ?

Le président de l’université d’Angers faisait le constat que ses étudiants étaient dans une situation parfois un peu complexe, c’est-à-dire isolés dans leur chambre d’étudiant ou chez leurs parents. Connaissant notre société, il a voulu tester notre solution auprès des étudiants pour leur permettre de garder ou de retrouver une activité physique malgré le confinement en jouant avec d’autres étudiants. C’est à leur initiative que cette opération a été lancée et elle rencontre un joli succès.

Tous les étudiants de l’université d’Angers étaient concernés par ce défi ou seulement une section en particulier ?

L'ensemble des étudiants étaient conviés. Ils étaient un petit plus d’un millier à jouer. C’est plutôt une belle réussite. C’est l’université d’Angers qui a proposé à ses étudiants de participer sur l’ensemble du campus. Il n’y a pas que les étudiants qui ont participé, mais aussi les collaborateurs et les enseignants. Ces jeux de santé sont aussi un bon moyen de mixer les gens qui peuvent être ensemble au sein d’une même institution mais qui parfois sont un peu ancrés dans leur statut. Par exemple, les établissements de santé font jouer les patients avec les professionnels de santé. Il faut savoir que nos jeux durent une quinzaine de jours à trois semaines. On déploie des programmes de jeux dans lesquels des joueurs peuvent tous les mois choisir de jouer ou non. C’est ce que va proposer vraisemblablement à ses étudiants l’université d’Angers qui souhaite pérenniser un peu l’opération.

Comment ça marche ? Faut-il payer ?

Non, c’est toujours gratuit pour l’utilisateur. C’est le financeur, soit l’employeur, soit l’établissement de santé, dans le cadre de l’université d’Angers, ce sont eux qui ont payé. En revanche, après téléchargement de l’application, vous avez un code qui vous permet de rejoindre la communauté dans laquelle vous allez jouer. Au sein de cette communauté, vont vous être proposés différents jeux et l’accès aussi à de l’enseignement en activité physique adaptée en ligne. Du coaching en ligne dans lequel vous pouvez participer à des séances pour vous apprendre à retrouver une activité physique adaptée à votre condition physique.

C’est facile d’accès ?

C’est très simple d’accès. On souhaite être très inclusifs et on est vraiment dans une thématique de faire jouer les gens de 7 à 77 ans. Il faut donc que ce soit très simple et compréhensif par tous. On a des joueurs qui sont jeunes et on en a qui sont plus anciens. On a même des groupes de seniors qui sont dans des programmes de prévention santé pour mieux vieillir et qui utilisent notre solution. On est vraiment accessibles à tous.

Comment se porte aujourd’hui Kiplin avec la crise sanitaire ?

On connaît une forte croissance et on va bientôt dépasser la trentaine de collaborateurs. On a pratiquement doublé de taille en six mois. Notre solution est un nouveau moyen de soigner les gens et de leur apporter du soin dans leur quotidien. L’activité physique est très utile parce que c’est un moyen qui est assez peu onéreux et qui est plutôt très efficace pour apporter de la santé à l’ensemble de la population.

Quels types d’activités sont proposées par le biais de votre application ?

C’est plutôt de l’activité douce. Notre mission, c’est d’insérer 15 à 30 minutes d’activité modérée par jour dans le quotidien de nos utilisateurs. La majorité de nos utilisateurs sont des gens qui vont faire de la marche à pied, du vélo, du jardinage, du bricolage… Pour certains, c’est du sport mais pas pour la grande majorité. On se rend compte que dans la population, les sportifs ne sont pas majoritaires mais il y a plein de gens qui sont prêts à être actifs au quotidien et d’une manière qui est très bonne pour leur santé, sans que ce soit du sport en tant que tel.

Il y a des objectifs à atteindre ?

C’est ça, le jeu met les utilisateurs en situation. Il y a des petits défis et des enquêtes à résoudre. Pour résoudre les enquêtes, il faut atteindre un certain niveau d’activité et une durée d’activité dans la journée mais ce n’est pas du tout inaccessible, c’est vraiment accessible à tous. Les objectifs sont individualisés, c’est-à-dire que chaque utilisateur a un objectif qui est en fonction de sa condition physique et de son état de santé. Ce qui permet à chacun de jouer à son niveau.

Il y a également des propositions pour des utilisations individuelles ?

Non, on intervient toujours par le biais d’une entité qui fédère des utilisateurs. Comme ce sont des jeux qui sont collectifs, il faut toujours qu’on s’assoie sur une collectivité. On n’intervient pas du tout de manière individuelle.

Comment procédez-vous pour vous faire connaître ?

On a la chance de générer pas mal de sympathie. Généralement, les gens qui nous utilisent nous recommandent. On a également des démarches commerciales pour faire connaître notre solution. On contacte les collectivités, les établissements de santé, les employeurs… On pense qu’ils ont intérêt à s’occuper de la santé de leurs administrés, de leurs collaborateurs ou de leurs étudiants.

C’est sur des durées limitées, comme pour l’université d’Angers, ou est-ce que c’est à l’année ?

Non, l’université d’Angers est plutôt une exception, c’est une opération un peu événementielle. Aujourd’hui, dans la majorité des cas, on travaille pour nos clients sur des parcours qui durent 3, 6 ou 12 mois.

(Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac)

Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site internet et la page Facebook de Kiplin.