Niort : de 2 ans de prison à la perpétuité pour avoir torturé et tué des SDF

Publié : 18 novembre 2020 à 6h58 par Arnaud Laurenti

Deux réclusions à perpétuité et trois peines de 20, 18 et 2 ans ont été prononcées mardi par la cour d'assises des Deux-Sèvres contre cinq accusés impliqués dans une spirale de violence extrême dans le milieu des marginaux de Niort, qui s'est soldée par quatre morts en avril-mai 2016.

ALOUETTE
Crédit : Archives

Le principal accusé a été condamné à la perpétuité avec une une période de sûreté de 22 ans, conformément aux réquisitions. Le second condamné à la perpétuité n'a pas de période de sûreté.

Les trois autres ont été condamnés, en fonction du degré d'implication dans les violences extrêmes et de ce que l'accusation a qualifié de "folie meurtrière", à 20 ans dont les deux-tiers de sûreté, 18 ans et 2 ans. Des peines de 20, 16 et 8 ans avaient été requises.

Condamnations conformes aux attentes

"Le verdict est sans appel. Très lourd, mais on savait que c'était une éventualité forte dans la mesure où les faits reprochés étaient particulièrement graves", a déclaré Me Guillaume Tilleau, avocat de l'accusé présenté comme le meneur qui a écopé de la plus lourde peine.

Le second condamné à perpétuité "accepte le verdict. Il intègre cette notion de perpétuité et il intègre cette notion d'espoir" due à l'absence de période de sûreté, selon son avocate Me Eva Dion.

"C'est ce qu'on voulait, la perpétuité, ils ont eu la perpétuité. Ça ne va pas nous le faire revenir", a simplement déclaré Marie-Christine Porcher, la tante d'une des victimes.

Une affaire sordide

Depuis trois semaines - dont une de suspension en raison du Covid d'une avocate - la cour jugeait cinq marginaux de 24 à 60 ans, SDF pour la plupart, pour les meurtres de quatre de leurs pairs, âgé de 19 à 49 ans. Quatre meurtres commis en l'espace d'un mois et demi dans des squat ou appartement de Niort, et entourés d'un "catalogue d'horreurs" auquel les débats ont eu bien du mal à donner un sens.

"Je regrette tout ce que j'ai fait, tout le mal que j'ai fait. Il n'y a pas de nom pour l'horreur commise", a déclaré le principal accusé, avant que les jurés ne se retirent pour délibérer pendant plus de dix heures.

L'enquête et les débats aux assises ont évoqué non pas une mais plusieurs causes possibles, ponctuelles: ici une dispute, là la volonté de prendre le peu de possessions d'un autre ou d'investir son appartement. L'hypothèse aussi d'une volonté d'éliminer l'un du groupe qui voulait partir, aurait pu s'avérer un témoin incriminant.

Quelques fils rouges, pourtant: l'arrière plan d'alcoolisation massive - ou les stupéfiants - la multiplicité des coups, mutilations, sévices - sexuels notamment - subis par les victimes, dans des calvaires qui duraient parfois plusieurs jours, avant que les corps ne soient démembrés, enterrés, ou juste abandonnés dans une cave. "Des crimes contre l'humanité avec un petit -h-, contre l'humain", résumait l'accusation.

La défense, à l'image de Me Guillaume Tilleau, avait appelé les jurés à juger "en humanité, face à des accusés qui en ont tant manqué". Invoquant des "vies cassées", la "noirceur de la rue", les avocats ont plaidé qu'aucun des accusés n'était un "monstre", malgré la monstruosité de certains actes.

(avec AFP)