Panique à bord : Yves "Robinson" Parlier

16 novembre 2020 à 6h30 par Julia Maz-Loumides

Le Vendée Globe n’est pas surnommé l’Everest des mers pour rien. Toutes les semaines, découvrez une histoire qui fait la légende de la plus grande course au large du monde. Aujourd’hui, retour sur le troisième Vendée Globe de Yves Parlier et la réparation de son mât brisé en trois morceaux.

ALOUETTE
Yves Parlier prend place à bord d'Aquitaine-Innovation pour son troisième Vendée Globe.
Crédit : Wikimédia Commons | Eric Houdas

Les courses du Vendée Globe ne semblent pas réussir à Yves Parlier. Pourtant, le navigateur, qui vient tout juste de fêter ses 60 ans, avait bouclé sa première participation avec une quatrième place en 1992 – 1993. Mais lors de l’édition 1996 – 1997, il est contraint d'abandonner suite à de nombreuses avaries. Pour son troisième, et dernier Vendée Globe, en 2000 – 2001, le skipper a laissé une histoire de survie incroyable derrière lui. Un véritable Robinson Crusoé du 21e siècle.

Vivre d’algues et d’eau fraîche

Ce 17 décembre 2000, une lutte sans merci se déroule entre Michel Desjoyeaux et Roland Jourdain en tête de la course. Yves Parlier est troisième, mais plus pour longtemps. Lors de ce 38e jour, dans les mers du sud, à plus de 2 000 km de la première côte australienne, il démâte. Aquitaine-Innovation, avec qui il se voyait déjà vainqueur pour son troisième Vendée Globe, ne le portera pas plus loin ainsi. Le mât est brisé en trois morceaux. Les spectateurs à terre sont à l’affût, ils attendent l’abandon, pourtant, le skipper ne lâche rien.

"Je n’envisage pas d’autre solution que de tenter de redonner des ailes à mon grand oiseau bleu pour finir cette boucle que l’on avait si bien commencé", écrit Yves Parlier via télex à son équipage.

Dans une petite crique de Nouvelle-Zélande, celui que ses camarades surnomment "l’extraterrestre" se fixe un objectif : réparer son bateau et finir sa course. Pendant dix jours, travaillant plus de quinze heures du matin au soir, l’ingénieur en matériaux composites ponce, ajuste et colle les morceaux de son mât. Mais ces journées ne sont pas les pires de son Vendée Globe. Ses réserves de nourriture descendent à vue d’œil. Alors quand les sachets lyophilisés ne parviennent plus à combler l’estomac du skipper, ne reste que les produits de la mer : des algues, quelques assaisonnements trouvés dans le bateau, encore des algues, de rares poissons pêchés à l’aide d’un hameçon de fortune, et toujours des algues.

Amaigri mais vainqueur de son propre objectif - terminer la course en réparant son mât - Yves Parlier finit 13e de cette quatrième édition du Vendée Globe, en 126 jours, 23 heures et 36 minutes, plus d’un mois après l’arrivée de Michel Desjoyeaux.