Puy du Fou : Nicolas de Villiers optimiste sur l'avenir du parc

4 juillet 2020 à 13h05 par Arnaud Laurenti

Touché de plein fouet par la crise du coronavirus, le Puy du Fou a finalement rouvert ses portes le 11 juin dernier. Si l'affluence est encore timide et que la saison s'annonce d'ores et déjà mauvaise, son président, Nicolas de Villiers, reste ambitieux pour l'avenir. Entretien.

ALOUETTE
Crédit : Alouette

L'organisation de la réouverture, la manière dont les équipes du parc vendéen ont vécu le confinement, les conséquences de la crise sur les ambitions du Puy du Fou : entretien avec Nicolas de Villiers.

Comment s'est organisée la saison par rapport aux différentes annonces du gouvernement ?

La saison s'est préparée avec beaucoup de précision et de concentration pour nous. Il s'agissait d'ouvrir les portes du Puy du Fou dans des conditions de sécurité sanitaire absolument irréprochables pour nos visiteurs. Nous savons accueillir, nous savons assurer la sécurité des personnes, c'est notre métier depuis des années.

"Mettre notre créativité au service de cette situation"

Il fallait en outre assuré une forme de sérénité à nos visiteurs après la crise que nous avons traversé : nous devions prouver que nous étions capable d'assurer les mesures très concrètes liées à la situation. Par exemple, la circulation dans les allées, la distribution de gel hydroalcoolique, la question du port du masque - pour nos équipes d'abord, mais aussi parfois pour nos visiteurs dans certains lieux... Tout ça a été très rigoureusement préparé. Nous avons eu ce temps de confinement pour préparer la suite et c'est ce que nous avons fait. Aujourd'hui, après quelques semaines d'ouverture, nous voyons que nos visiteurs sont très heureux, très sereins de voir que le Puy du Fou a été à la hauteur.

Il s'agissait de mettre notre créativité au service de cette situation. C'est ce que nous avons fait pour vraiment trouver les solutions qui assurent la sérénité et la fluidité du séjour de nos visiteurs.

Des mesures particulières ont été prises afin de rassurer vos salariés ?

Il ne s'agissait pas seulement de rassurer nos équipes ou nos visiteurs mais de prendre des mesures qui, concrètement, puissent interdire la propagation du Covid-19.

Nous avons organisé les choses avec une rigueur qui allait bien au-delà des consignes gouvernementales, notamment en équipant nos équipes de masques, y compris sur scène. Pour cela, nous avons créé des masques spéciaux en fonction des rôles. Nous avons aussi fabriqué des gants, et changé un certain nombre de mises en scène pour les adapter aux fameuses distances barrières.

Il s'agissait de prendre des mesures sérieuses, concrètes, qui permettent d'assurer une vraie sécurité.

>> Découvrez notre podcast "Un été dans l'Ouest".

Vous avez milité pour la réouverture du Puy du Fou. Quel été l'enjeu pour vous ?

L'enjeu était que les Français retrouvent non seulement le Puy du Fou, mais aussi tous les lieux de loisirs. Nous avons finalement obtenu de la part de l'État une date claire quant à la réouverture, le 2 juin. J'ai reçu beaucoup de messages depuis notre réouverture du monde la culture, du cinéma, de personnes qui ont manifesté leur joie de voir rouvrir de nombreux lieux de culture. Sans doute que notre combat a été pour partie efficace pour le Puy du Fou mais aussi pour tous les autres. 

"Ne pas agir en cavalier seul"

Cela a toujours été notre logique. Celle de ne pas agir en cavalier seul mais vraiment d'agir pour le collectif, pour permettre à notre parc de rouvrir mais aussi tous les lieux de culture, de retrouvailles, de tourismes... Si le Puy du Fou avait rouvert ses portes seuls, il aurait plutôt inquiété, fait peur, alors qu'en ouvrant avec tout le monde c'était, je crois, toute la France qui sentait que "ça y est" nous pouvions reprendre d'une certaine façon notre vie d'avant, nos rites, nos réflexes, retourner dans les cafés, bistrots et restaurants qui sont tous ces lieux où l'on aime se retrouver.

Comment vos équipes ont vécu l'attente ?

Nos équipes ont été très à l'écoute de la façon dont on avait préparé la réouverture du Puy du Fou, forcément conditionnée par la situation. Elles ont été très assidues à préparer celle-ci, même à distance en raison du confinement. Nos équipes étaient évidemment impatientes de reprendre : tous les métiers du Puy du Fou sont des métiers passion. Cette impatience s'est traduite par un grand éclat d'enthousiasme quand nous avons pu rouvrir nos portes. L'enthousiasme de retrouver nos visiteurs, de retrouver tous ces métiers qui finalement nourrissent nos journées par le feu de la passion.

"Nous préparons de très grands projets"

Les futurs projets du parc sont-ils impactés par la crise que nous venons de traverser ?

Je dirais que le Puy du Fou a toujours cultivé la créativité. Nous sommes sans doute l'un des seuls lieux de culture et d'émotion dans le monde capable de créer lui-même ses propres spectacles, hôtels ou restaurants... Tout ce que nous proposons au public, nous l'imaginons, nous le créons et le dessinons nous-même.

Je crois qu'il faut mettre notre créativité au service de cette situation pour inventer de nouvelles surprises pour nos visiteurs sans que cela ralentisse le développement du Puy du Fou, alors même qu'effectivement nous allons subir de plein fouet cette crise, comme toutes les entreprises françaises. Nous la subissons déjà, nous aurons des centaines de milliers de visiteurs en moins par rapport aux années passées, nous allons donc perdre sur tous les plans y compris économique. Comme nous sommes indépendants, nous n'aurons pas les moyens de nous rattraper.

Mais je peux vous assurer que nous préparons pour les années qui viennent de très grands projets et qu'il est hors de propos pour nous de les repousser indéfiniment. Au contraire, nous sommes plus motivés que jamais pour trouver les solutions qui permettront de réaliser nos rêves et de les partager.

Quelles leçons tirez-vous de cette crise ? Les habitudes des Français vont changer selon vous ?

Je crois qu'il est encore trop tôt pour tirer des leçons de cette crise, de la façon dont nos visiteurs, les Français, le monde plus généralement, vont chercher à se comporter dans les années qui viennent. Comment les comportements auront été impactés par cette crise ? C'est une question à laquelle personne n'a vraiment de réponse aujourd'hui, parce qu'il faut d'abord laisser la vie reprendre son cours. Chacun doit reprendre ses marques dans un monde qui n'a pas changé, mais qui est marqué par la crise évidemment.

Les conséquences économiques seront probablement, malheureusement, assez durables. Des centaines de milliers de gens, et peut-être des millions de gens en France pourraient perdre leur emploi. Mais je suis bien incapable de dire si ça arrivera vraiment.

Ce que je sais, c'est qu'il faut être très attentif à ce qui se passe autour de nous pour voir comment les habitudes, ce qui a constitué nos repères dans notre vie courante, vont évoluer à la suite de cette crise. Il nous faudra voir si cela va vraiment évoluer et dans quelle proportion, pour ensuite inventer une nouvelle façon de faire passer de belles et grandes émotions qui sont toujours au service de la même idée au Puy du Fou : célébrer ce qui fait notre patrimoine commun, l'âme de la France et de tous les pays que le Puy du Fou ira conquérir dans les années qui viennent.