Santé. Plus de 170 millions de dons de laboratoires privés à des CHU en 2018

12 janvier 2020 à 9h12 par Gabriel Macé

Les centres hospitaliers universitaires de France métropolitaine ont bénéficié de 170,6 millions d'euros de dons de la part de laboratoires pharmaceutiques en 2018, selon l'enquête d'un collectif de datajournalistes régionaux qui a analysé la base de données Transparence Santé.

ALOUETTE
Crédit : Archives

Au total, plus d'1,36 milliard d'euros de dons ont été recensés en 2018 pour l'ensemble des professionnels de santé français, dans le public comme le privé, recensés dans la base Transparence Santé qui rend obligatoire les déclarations de tout don de plus de dix euros.

Quinze titres de presse ont participé à cette enquête, notamment Sud Ouest, Le Télégramme, La Montagne, Le Populaire, La Nouvelle République, Ouest France et Aujourd’hui en France.

L'enquête des journalistes de ce collectif se concentre sur les 30 000 praticiens répartis dans les 32 CHU du territoire : plus de 92 millions ont été versés aux professionnels de santé exerçant dans ces établissements, auxquels s'ajoutent quelque 78 millions d'euros versés au titre notamment de conventions passées entre les CHU et les laboratoires.

Le journal Sud Ouest indique que le CHU de Bordeaux, avec près de 4,5 millions d'euros d'avantages et de rémunérations pour ses personnels soignants en 2018, figure dans le trio de tête des "hôpitaux français dont les personnels sont les plus liés à l'industrie de la santé".

En incluant l'ensemble des dons, "on arrive à 9,1 millions pour ce CHU", précise Frédéric Sallet, journaliste à Sud Ouest, qui indique que les données récupérées sur la base Transparence Santé ont nécessité "un nettoyage". En données non corrigées d'erreurs éventuelles, la base donne un montant de 200 millions d'euros au total pour les CHU en 2018.

Le Populaire du Centre évoque, lui, des liens déclarés entre les laboratoires et des médecins du CHU de Limoges "pour un montant total d'a priori 1,4 million d'euros". Toutefois, précise le journal, ces liens sont très variés. Il cite ainsi le cas d'une convention de 60.000 euros liant un professeur à des laboratoires, qui en contrepartie reversent via l'agence de valorisation de la recherche universitaire en Limousin des sommes qui permettent de financer des thèses très coûteuses, selon le spécialiste cité.

La base de données Transparence Santé a été mise en place depuis 2014 par le gouvernement en réaction au scandale du Mediator. Une trentaine de journalistes du collectif Data+Local ont ensuite recoupé les données de cette base avec celles de deux autres bases, celle de l'Annuaire Santé (qui recense les professionnels de santé enregistrés dans les répertoires nationaux) et celle de Euros for docs, qui simplifie l'accès et le décryptage de la base Transparence Santé.

(Avec AFP)