Solidarité : Emilie, secrétaire médicale, a lancé une cagnotte pour les soignants

Publié : 17 mai 2020 à 14h10 par Alexandrine DOUET

Émilie Burel, secrétaire médicale au service cardiologie du CHU d’Angers a lancé une cagnotte en ligne pour soutenir les soignants angevins mais aussi ceux des hôpitaux de Nantes et Châteauroux ainsi que l’Institut Pasteur.

ALOUETTE
Le personnel du Laboratoire de Bactériologie du CHU d’Angers a remercié tous ceux qui les ont souten
Crédit : Facebook | CHU Angers

Quelques jours seulement après le début du confinement, la jeune femme a décidé de se mobiliser en ouvrant une cagnotte sur la plateforme Leetchi. Il est toujours possible de faire un don. (La cagnotte sera clôturée fin juin).

Pourquoi cette cagnotte ? Vous aviez envie de faire quelque chose à votre niveau ?

Le confinement avait commencé depuis à peu près 10 jours quand j’ai lancé cette cagnotte. Je savais plus au moins que ça allait être éprouvant, mais on ne savait pas encore jusqu’à quel point. Mes collègues médecins, soignants font des horaires de fou. Ils passent leur temps au boulot. Ils sacrifient leur vie de famille. Et je voulais les remercier.

Vous faites partie des français qui ont continué à travailler pendant le confinement ?

Oui avec une personne fragile à mon domicile, donc très compliqué. Mon compagnon atteint d’un cancer depuis l’an dernier, vit aujourd’hui avec un seul poumon.

Cette cagnotte, c’était donc aussi pour remercier tous ceux qui prennent soin de votre compagnon ?

Oui et je pense aussi qu’inconsciemment il y a beaucoup de choses qui sont liées. En travaillant au CHU, je me suis rendu compte de pas mal de choses. Déjà, personnellement c’est très éprouvant. Même si je ne suis que secrétaire médicale, je travaille dans une unité qui accueille des patients atteints du Covid-19. En rentrant à la maison, il faut que je fasse attention à mon compagnon.

Comment avez-vous vécu cette période de confinement ?

Il y a beaucoup d’émotions qui viennent. Beaucoup de remerciements et de bravos à mes collègues soignants. Et quand je voyais certaines personnes se promener dehors, j’étais atterrée de voir qu’il y avait beaucoup de gens qui ne prenaient pas les choses au sérieux. Ça m’afflige de voir autant de bêtises.

Pourquoi avoir voulu créer une cagnotte à la fois pour les soignants des hôpitaux d’Angers, de Nantes et de Châteauroux ainsi que pour l’Institut Pasteur ?

Nantes, parce que j’y ai vécu pendant 2 ans et parce que son CHU, avec celui d’Angers, accueille depuis le début de l’épidémie des patients atteints du Covid-19. Châteauroux, parce que c’est ma ville natale que j’ai quittée il y a 5 ans. C’est une petite ville mal équipée. Son centre hospitalier n’a pas du tout les mêmes moyens que dans les grandes villes. Et l’Institut pasteur c’est pour leurs recherches, leur dévouement, pour leurs projets futurs.

À quoi va servir très précisément l’argent récolté ?

La recherche donc pour l’Institut Pasteur. Pour les CHU, ce sera pour les personnels : achat de matériel pour qu’ils travaillent dans de meilleures conditions, mais aussi des cadeaux, des bons d’achat pour les remercier et les aider dans leur quotidien. Beaucoup de gens ont déjà participé à cette cagnotte mais malheureusement depuis 2-3 semaines, ça ne bouge pas beaucoup. Peut-être que les gens ne se sentent plus concernés. J’aimerais que ça continue encore un petit peu.

Combien espérez-vous récolter ?

Ça dépend de la générosité des gens. Il y a des dons de 1, 5 ou 10€ mais aussi des dons qui vont jusqu’à 200 voire 300 €. Chacun fait comme il peut selon ses moyens. La cagnotte se poursuit jusqu’à fin juin.

Au quotidien, vous ne sortez jamais sans votre masque, vous travaillez avec votre masque ?

À l’intérieur du CHU, on doit le porter mais aussi sur les parkings. Une règle qui n’est pas respectée par certains malheureusement. On n’a pas de gants mais on a du gel hydroalcoolique à disposition. Quand j’arrive le soir, je fais bouillir mon masque et le mets à laver ainsi que mes vêtements et vais directement à la douche. C’est vraiment devenu un automatisme. Un réflexe que j’ai pris depuis plusieurs semaines maintenant, en particulier pour protéger mon compagnon.

Vous qui êtes en première ligne, quel message souhaitez-vous adresser au grand public maintenant que le confinement est levé ?

Il ne faut surtout pas croire que le virus est parti. Ce n’est pas parce qu’il y a le déconfinement qu’il faut faire n’importe quoi…qu’il ne faut plus respecter la distanciation sociale et les règles d’hygiène. Je comprends que beaucoup de personnes en ont eu marre de rester cloîtrées chez elles. Moi je n’ai pas eu ce souci, parce que j’ai continué à travailler. Mais je partais chaque matin avec la peur au ventre et pas mal de stress. Il y avait des jours ou je ne me sentais pas bien parce que je m’inquiétais beaucoup pour mon compagnon. Il ne faut surtout pas se relâcher. Ne pas se jeter dans les magasins, continuer à faire attention. Ce n’est pas parce que le virus n’est pas visible qu’il n’est plus là.