Tempête Xynthia: l'ancien maire de La Faute-sur-Mer fixé lundi sur son sort judiciaire

4 avril 2016 à 5h39 par Rédaction Alouette

ALOUETTE

La cour d'appel de Poitiers doit dire lundi matin si l'ancien maire de La Faute-sur-Mer, Ren� Marratier, est responsable du d�c�s de 29 de ses administr�s, morts noy�s lors du passage de la temp�te Xynthia en 2010, dans la station baln�aire vend�enne.

Plus de six ans apr�s la violente temp�te, qui avait fait 47 morts dans toute la France, et pr�s d'un an et demi apr�s sa lourde condamnation en premi�re instance � quatre ans de prison ferme, M. Marratier, 63 ans, maire de la commune de 1989 � 2014, et toujours conseiller municipal, sera fix� aux environs de 10H00 sur son sort judiciaire.

"Il est suspendu � la d�cision. Il esp�re surtout cette fois avoir �t� entendu par la cour d'appel", indique Antonin L�vy, l'un de ses trois avocats qui, en appel comme lors de son premier proc�s, avaient demand� la relaxe de l'�lu, "bouc �missaire" d'un "cataclysme".

Pour le minist�re public au contraire, qui a requis des peines de prison ferme � l'encontre de l'ancien maire et de deux autres pr�venus, le drame aurait pu �tre �vit� si Ren� Marratier et son ancienne adjointe � l'urbanisme Fran�oise Babin, 72 ans, par ailleurs promoteur immobilier, n'avaient pas "de fa�on d�lib�r�e occult' les risques d'inondation pesant sur la commune pour poursuivre l'urbanisation en d�livrant des permis de construire en zone inondable.

Dans la nuit du 27 au 28 f�vrier 2010, 29 personnes, essentiellement des personnes �g�es et trois jeunes enfants, avaient p�ri noy�es, apr�s la submersion de la digue cens�e prot�ger leurs habitations, en contrebas de l'estuaire de la rivi�re du Lay, une zone particuli�rement vuln�rable. Ces r�sidents s'�taient retrouv�s pi�g�s en pleine nuit par une brusque mont�e des eaux dans leurs maisons de plain-pied, sans �tage o� se r�fugier.

Le 1er d�cembre, l'avocat g�n�ral Thierry Phelippeau avait requis quatre ans de prison, dont deux ferme, � l'encontre de l'ancien maire, et demand� � ce que soit prononc�e d�finitivement son in�ligibilit�.

 

- 'Amateurisme et l�g�ret�' -

Le soir de la temp�te, alors que le d�partement avait �t� plac� pour la premi�re fois en alerte rouge en raison d'un risque de submersion, Ren� Marratier a fait preuve "d'amateurisme et de l�g�ret' en ne prenant pas connaissance des messages d'alerte et en n'organisant pas de surveillance de la digue, avait consid�r� le repr�sentant du minist�re public.

"C'est difficile de dire que M. Marratier avait la conscience du risque (...). Il habitait aussi en zone inondable. Ce soir l�, il est rentr� se coucher derri�re la digue", pensant qu'"elle le prot�gerait", assure Me L�vy.

Jug�s pour "homicides involontaires", les pr�venus encourent cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Ils pourraient �galement avoir � r�gler plusieurs millions d'euros de dommages et int�r�ts aux quelque 146 parties civiles.

"Le plus important pour nous, c'est qu'on soit reconnus comme victimes. Xynthia, ce n'est pas qu'une catastrophe naturelle, (...) le drame s'est dessin� bien avant la temp�te", d�clare Renaud Pinoit, pr�sident de l'Avif, l'association des victimes.

Une cinquantaine d'entre elles doivent faire le d�placement � Poitiers, et attendent "la d�cision avec tranquillit', selon M. Pinoit.

Une peine de deux ans de prison, dont 15 mois ferme, et une amende de 75.000 euros avait �t� par ailleurs requise � l'encontre de Fran�oise Babin, pr�sidente de la commission d'urbanisme de la station baln�aire vend�enne depuis son �lection en 1989. Il lui est reproch� d'avoir d�livr� des permis de construire irr�guliers en zone inondable, causant involontairement la mort de quatre membres d'une m�me famille et exposant � un risque de mort onze familles.

Dix-huit mois de prison, dont neuf ferme, avait �t� demand�s contre son fils, Philippe Babin, agent immobilier et pr�sident de l'association charg�e de la surveillance de la digue submerg�e lors de Xynthia.

L'avocat g�n�ral avait aussi requis 30.000 euros d'amende contre chacune des deux soci�t�s de BTP locales poursuivies en tant que personnes morales.

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(AFP)