Tourisme : le gouvernement va dévoiler les contours de son "plan Marshall"

Publié : 14 mai 2020 à 6h12 par Arnaud Laurenti

Le gouvernement, réuni en comité interministériel, doit se porter jeudi matin au secours du tourisme, érigé en "priorité nationale" et à qui un "plan Marshall" de près d'1,5 milliard d'euros est promis pour faire face à la crise du coronavirus.

ALOUETTE
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À l'issue de cette réunion à Matignon, Edouard Philippe devrait dévoiler une batterie de décisions pour aider ce pan crucial de l'économie française, représentant 7,2% du PIB (soit 168 milliards d'euros en 2017) et employant environ 2 millions de personnes.

Un secteur essentiel de l'économie

Le tourisme a été évidemment frappé de plein fouet par les deux mois de confinement et l'approche de l'été rend d'autant plus indispensable la création d'un ballon d'oxygène financier et l'établissement rapide de perspectives, alors que les sites rouvrent très timidement, à l'image du Mont-Saint-Michel ou du Sanctuaire de Lourdes cette semaine.

Pour l'heure, le secteur a bénéficié des dispositifs génériques mis sur pied par l'Etat, dont 6 milliards d'euros de prêts garantis pour 66.000 entreprises du secteur de l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme, selon le secrétaire d'Etat Jean-Baptiste Lemoyne.

"La France est rentrée dans cette crise en étant première en matière de tourisme et elle doit le rester", a-t-il encore martelé.

L'urgence a d'ailleurs été prise en compte au niveau européen, la Commission européenne ayant appelé mercredi les pays membres à rouvrir leurs frontières pour éviter un naufrage du secteur qui pèse pour 10% du PIB de l'UE et 12% de ses emplois. Et signe de la tension ambiante, le premier voyagiste mondial, l'allemand TUI, a annoncé mercredi son intention de supprimer 8.000 postes dans le monde, soit plus de 10% de ses effectifs.

Plus d'un milliard d'euros

Le comité interministériel de jeudi "s'articulera autour de quatre axes", a expliqué M. Lemoyne : la mise en place des "protocoles sanitaires, préalables indispensables à la reprise"; le "tourisme social", sous l'impulsion du secrétaire d'Etat Gabriel Attal qui a été missionné pour travailler sur un plan de départ en vacances pour tous, notamment à destination des personnes mobilisées pendant la crise, avec entre autres un dispositif de chèques vacances ; la "poursuite du travail engagé" pour certaines filières en quête de regain (stations de ski...) et territoires spécifiques (Corse, Lourdes...) ; et surtout un grand plan d'investissements.

L'enveloppe devrait avoisiner 1,5 milliard d'euros, dont 1,3 venant de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), a annoncé lundi le directeur adjoint Olivier Sichel, évoquant "un grand plan Marshall du tourisme".

Ce plan sera mis en oeuvre par Bpifrance, filiale de la Caisse dédiée aux entreprises, a-t-il poursuivi, précisant que ces investissements seraient notamment subordonnés à des critères environnementaux et numériques.

Les assureurs, qui étaient reçus mercredi à Bercy, devraient aussi être appelés à contribuer.

Mais des questions restent en suspens notamment pour l'hôtellerie et la restauration, dont l'activité est toujours suspendue.

Un collectif de restaurateurs demande d'ailleurs des "mesures d'urgence temporaires", parmi lesquelles une baisse de la TVA à 5,5%, craignant que "plus de 25%" des établissement "n'arrivent pas à survivre" à la crise.

La secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher a d'ores et déjà annoncé sur Cnews "un effort sans équivalent", dont des suppressions de cotisations sociales, la prolongation du Fonds de solidarité, des mesures sur "les tickets restaurant" et "autour du chômage partiel".

(avec AFP)