"Pour la France", un film qui retrace la vie de Jallal, mort à l'école militaire de St-Cyr

8 février 2023 à 11h32 par Marie Piriou

"Pour la France", qui sort en salles ce mercredi 8 février, raconte le destin tragique de Jallal Hami, brillant étudiant mort en 2012 à l’école militaire de Saint-Cyr dans le Morbihan, au cours d'un exercice. Le réalisateur Rachid Hami, frère de la victime, veut éviter "tout règlement de comptes" avec l'armée.

L'affiche du film "Pour la France".
L'affiche du film "Pour la France".
Crédit : Memento Distribution

Au rayon des sorties ciné, "Pour la France", un film de Rachid Hami sort aujourd’hui. Le film évoque la vie de son frère Jallal, mort dans le Morbihan lors d’un bahutage à l’école militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan. C’était en octobre 2012. Jallal s’était noyé alors qu’il traversait un étang dans une eau à neuf degrés, en pleine nuit.

"On a axé le film sur une odyssée familiale. On a reçu des attaques sur les réseaux sociaux. Les gens qui ne connaissent pas le film pensent qu'on a fait un film qui insulte la France et l'armée", a regretté Rachid Hami lundi 6 février lors de l'avant-première à Rennes, où étaient présents des élèves de Saint-Cyr. "Je trouve que ce procès d'intention fait du mal au film, et moi à titre personnel il me heurte, car il n'est pas en phase avec mes valeurs et le film que j'ai fait", a-t-il ajouté.

Car le long-métrage s'intéresse peu à la soirée du drame du 30 octobre 2012 au cours de laquelle Jallal Hami s'était noyé en traversant un étang lors d'une soirée de "bahutage", c'est-à-dire "de transmission des traditions de l'école" de Coëtquidan, organisée par des élèves.

 

Retour sur le procès

Lors du procès en 2021, trois militaires, jugés pour homicide involontaire, avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis et quatre relaxés, des peines très en deçà des réquisitions du parquet.

Loin d'une contre-enquête, "Pour la France", présenté cet été à la Mostra de Venise, est conçu comme un triptyque à cheval sur trois continents, qui permet de reconstituer l'itinéraire singulier des protagonistes. L'Algérie des années 1990 et la montée de l'islamisme et de la violence avec le départ pour la Seine-Saint-Denis de Jallal et Rachid (Aïssa et Ismaël dans le film). Une partie française et la question épineuse des funérailles : Aïssa a-t-il droit aux honneurs militaires avec une cérémonie aux Invalides ou faut-il se contenter du carré musulman de Bobigny ?

 

"C'est le moment où l'on est vraiment devenu frères"

Et enfin un volet plus inattendu, à Taïwan, où Aïssa, alors élève à Sciences-Po était parti sur l'île apprendre le mandarin et reçoit Ismaël en vacances. "C'est le moment où l'on est vraiment devenu frères", se remémore Rachid Hami. 

L'acteur Karim Leklou, vu récemment dans "Bac Nord", qui interprète Ismaël, dit avoir apprécié de jouer dans ce long-métrage "tout en nuances". "Je ne m'attendais pas à ce film-là. Je me retrouve avec un objet scénaristique ultra puissant, ultra digne, très fort sur la famille, les non-dits de la fratrie".

 

La bande-annonce du film "Pour la France"

(Avec AFP)