Prison ferme demandée pour le maraîcher sarthois jugé pour "traite d’êtres humains"

Publié : 11 juin 2025 à 10h52 par Denis LE BARS avec AFP

Deux ans de prison ont été requis ce mardi soir devant le tribunal correctionnel du Mans contre un maraîcher de 64 ans qui a fait travailler de nombreux ouvriers sans-papiers dans des conditions indignes considérées par la justice comme de la "traite d'êtres humains".

La prévenu n'en était pas à sa première comparution devant la justice
La prévenu n'en était pas à sa première comparution devant la justice
Crédit : illustration Envato - DR

"Il n'a eu qu'un objectif : ce souci lucratif du rendement" et "délibérément (il) ne recrutait que des personnes dépourvues de titre de travail", a insisté le procureur Arnaud Marie.

Le producteur de tomates de Saint-Paterne-le-Chevain a déjà été condamné 17 fois, dont cinq fois pour du travail dissimulé.

Il s'est pourtant présenté ce mardi 10 juin devant le tribunal comme une sorte de bienfaiteur des sans-papiers, "victime" de son bon coeur et du système judiciaire. Jugé pour de nombreuses infractions entre 2019 et 2024, du travail dissimulé au blanchiment jusqu'à la traite d'êtres humains, il encourt une peine maximale de dix ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.

 

Des conditions de travail d’un autre temps

Plusieurs anciens employés ont raconté travailler jusqu'à douze heures par jour, six à sept jours par semaine dans des conditions éprouvantes, pulvérisant de l'insecticide sans protection et dans des serres chauffées parfois jusqu'à 50°C.

Etrangers en situation irrégulière, pour certains mineurs, ils étaient payés en liquide sans être déclarés par le maraîcher, qui selon certains les insultait et les mettait à l'"amende" si leur pause était trop longue.

L'avocate de 13 travailleurs constitués parties civiles et de la CGT de la Sarthe, Me Mouna Benyoucef, a dénoncé une forme d'"esclavagisme moderne".

La Mutualité sociale agricole (MSA, sécurité sociale des agriculteurs) estime que le maraîcher lui devait plus de 520 000 euros au titre des cotisations sociales non versées.

Le jugement a été mis en délibéré au 7 juillet.