Jusqu’à 1 000 € d’amende : dans la Vienne, cette commune serre la visse face au protoxyde d’azote

Publié : 10h55 par
Romane Hocquet - Journaliste

Adrien Michaud vous informe en Poitou-Charentes et Gironde, chaque jour de 6h à 10h, en direct sur Alouette.

La mairie de Buxerolles a décidé d’agir. Après un arrêté interdisant la détention de bonbonnes de ce gaz hilarant, le conseil municipal a adopté le 8 décembre une nouvelle sanction contre les dépôts sauvages. Entretien avec le maire, Gérald Blanchard.

protoxyde azote
Dans la Vienne, Poitiers réfléchit aussi à un arrêté interdisant la détention et l'usage de ce gaz..
Crédit : Illustration Envato - DR

"C’est enjeu de santé publique". Gérald Blanchard - maire de Buxerolles - avait déjà pris un arrêté le 25 novembre pour interdire la détention et l’utilisation de cartouches de protoxyde d’azote sur la voie publique. Il s'agit d'un gaz – initialement utilisé dans le médical ou la pâtisserie – que certains inhalent pour un moment d’euphorie. Une consommation qui provoque de lourds dégâts sur le cerveau et le système nerveux.

Le conseil municipal a voté lundi 8 décembre une nouvelle mesure : une amende de 1 000 € en cas de dépôt sauvage de ces bonbonnes. Entretien avec le maire de cette commune de la Vienne qui compte environ 10 000 habitants. 

 

Pourquoi avoir décidé de prendre un arrêté sur le protoxyde d’azote ?

On a connu une accélération ces six derniers mois, avec de plus en plus de siphons de bonbonnes de protoxyde d’azote sur la voie publique, notamment aux abords de parkings, dans des lieux isolés. On a eu des signalements de personnes qui repartaient dans un état second au volant. Heureusement, pas d'accident. Cela a éveillé notre attention et j’ai compris qu’il y avait un enjeu de santé publique, notamment auprès des jeunes. C’est une question qui s’est généralisée : il n’y a pas besoin de vivre dans une grande ville pour en trouver. Il y en a aussi en campagne. Ce qui est le plus inquiétant, c’est le type d’utilisateurs de ce gaz, parfois dès 12 ans

 

Des consommateurs dès l’âge de 12 ans

 

En quoi consiste cet arrêté ?

Il interdit la détention et la consommation de protoxyde d’azote : c’est-à-dire que quelqu’un qui en possède ou qui utilise une bonbonne recevra une amende. Elle reste symbolique, mais cela permet de sanctionner ce qui n’est pas possible dans les communes où il n’y a pas d’arrêtés. En effet, il n’y a pas de loi sur la consommation ou la détention de ce gaz en France. Cet arrêté va permettre à la police municipale d'intervenir. Tout le monde est en train de prendre conscience de ce problème : plusieurs autres collègues s’intéressent à cette problématique et prennent des arrêtés dans le même sens que le mien dans leur commune. 

 

Aucun test de dépistage efficace

 

Que réclamez-vous aujourd’hui ?

D’abord, les préfets doivent s’emparer du sujet pour établir des arrêtés départementaux. Et enfin, il faut absolument que le Parlement propose une loi dans toute la France. Après, une fois qu’on aura la loi, il faudra aussi avoir les capacités pour dépister efficacement les produits, sinon il n’y aura aucune possibilité d’action sur le terrain. J'en appelle donc aussi aux scientifiques.

 

Cela doit aussi passer par la prévention ?

Tout à fait. Dans ma commune, j’ai prévu en début d’année prochaine une rencontre avec un médecin qui puisse expliquer aux familles, aux enfants les risques auxquels ils s’exposent. Le risque est grave, avec des atteintes neurologiques. Ce n’est pas juste 'je me fais plaisir quelques secondes'. Cela peut avoir des conséquences sur toute la vie.