Touraine : Maillé, le village oublié
Publié : 23 août 2021 à 17h01 par Victoria Maquet Foucher
Ce mercredi 25 août aura lieu une cérémonie commémorative pour les 77 ans du massacre de la population de Maillé (Indre-et-Loire) par les nazis en 1944. Un devoir de mémoire pour cette ville martyre, dont son histoire est parfois oubliée.
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Le 25 août 1944, la ville de Maillé en Indre-et-Loire connaissait un massacre de sa population par les nazis, les bâtiments incendiés et pilonnés au canon.
Depuis soixante-dix-sept ans, le village entretien le souvenir en mémoire des 124 victimes, avec une commémoration annuelle et l’ouverture de la "Maison du souvenir", un lieu de recherche ouvert au public qui regroupe faits historiques et témoignages.
Le massacre de Maillé
En 1944, Maillé se situe à proximité d’importants axes de communication dont la ligne ferroviaire Paris-Bordeaux qui voit passer à la mi-août de cette même année, de nombreux soldats allemands en train de se replier. L’importance de ce secteur n’échappe pas aux Alliés ni aux résistants : ils sabotent la voie à trois reprises et déclenchent des représailles.
Le 25 août 1944, une soixantaine de soldats allemand encercle alors Maillé. Pendant près de trois heures, les nazis tirent à vue sur les habitants, bloquent les accès et mettent feu aux maisons. La dizaine de bâtiments encore debout sont bombardées le jour suivant. Un quart de la population a péri, soit 124 des 500 habitants, dont 48 enfants. Au cours de cette même journée, les nazis se rendent dans plusieurs communes environnantes (Anché, Marnay, Romagne et Saint-Maurice- la-Clouère). Résistants et otages innocents sont fusillés.
Un mois après le massacre, un plan de reconstruction est lancé à Maillé afin de redonner un toit aux rescapés, temporairement relogés dans des baraquements. Il aura fallu neuf ans pour reconstruire la ville qui avait été rayée de la carte, dont une cinquantaine de maisons.
Le massacre d'Oradour-sur-Glane et la libération de Paris
Le massacre de Maillé vit dans l’ombre de celui d’Oradour-sur-Glane. Au contraire de Maillé qui a pu être reconstruit, Oradour-sur-Glane a choisi de garder les preuves en préservant la ville en ruines inchangée depuis le drame. Situé à une centaine de kilomètres au sud, le village a subi le plus grand massacre de civils commis en France par les armées allemandes quelques semaines plus tôt, le 10 juin 1944. Ses 643 habitants ont été assassinés.
A Massé, les survivants ont poursuivi leur vie malgré le choc suscité par le massacre dans une ville ne se transformant ni en sanctuaire ni en musée. Le tragique événement est quasiment tombé dans l’oubli que ce soit en termes judiciaires, politiques, historiques, matériels, mais aussi mémoriels.
Depuis soixante-dix-sept ans, les habitants du village vivent avec le souvenir de cet acte barbare. Le massacre de Maillé a eu lieu le même jour que la libération de Paris (25 août 1944). Il marque donc un jour heureux pour la France chaque année, qui ignore qu’à Maillé c’est une journée d’hommage aux 124 victimes.
La cérémonie
En commémoration des soixante-dix-sept ans du massacre de Maillé en 1944, une cérémonie se déroulera ce mercredi 25 août. Elle sera présidée par la préfète d’Indre-et-Loire, Marie Lajus.
Un accueil des personnalités aura lieu devant la Maison du Souvenir, suivi d’un défilé et de dépôts de gerbes au pied du mémorial. Une lecture des noms des victimes sera donnée à partir de 10h35. La cérémonie sera précédée d’une messe à l’église Saint-Martin de Maillé à 9h30.