"Certains vêtements ont encore des étiquettes", la déferlante Shein touche aussi les centres de tri le Relais

Publié : 26 novembre 2025 à 15h52 par
Adrien Michaud - Journaliste

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Chaque jour, plus de 30 tonnes de vêtements sont triés sur le site le Relais d’Acigné en Bretagne. Ces derniers temps, les habits relatifs à fast fashion, et notamment les tenues siglées Shein, pullulent. Au plus grand regret de l’entreprise de réemploi et de recyclage de textile.

Jean-Luc Veronneau, travaille dans le Relais d'Acigné depuis plus de 20 ans.
Jean-Luc Veronneau, travaille dans le Relais d'Acigné depuis plus de 20 ans.
Crédit : Adrien Michaud

Des piles de vêtements hautes comme un immeuble de plusieurs étages. Au centre de tri le Relais d’Acigné, en Ille-et-Vilaine, chaque jour entre 40 et 50 tonnes de t-shirts, pulls et pantalons en tous genres, sont déchargés par semi-remorque.

Ces habits arrivent du Morbihan, des Côtes-d’Armor, d’Ille-et-Vilaine, et même de Mayenne, et dans ce centre, le deuxième plus important du réseau en France, un constat revient en boucle : "Depuis un ou deux ans, on s'aperçoit que la qualité des habits se détériore et on voit vraiment l’émergence de vêtements de basse qualité. On arrive à avoir des tenues de la marque Shein qui arrivent dans nos containers. Certains vêtements ont encore des étiquettes, et ce type d'article de fast fashion sont très présents", déplore Jean-Luc Veronneau responsable des ressources humaines au Relais d’Acigné.

 

Le centre de tri le Relais d'Acigné est le deuxième plus grand de France.
Le centre de tri le Relais d'Acigné est le deuxième plus grand de France.
Crédit : Adrien Michaud
Jean-Luc Veronneau, responsable des ressources humaines au Relais

 

Des vêtements peu réutilisables

Ce Vendéen travaille depuis plus de 20 ans sur ce site, et il est passé par tous les postes possibles, que ce soit ripeur de vêtements, à vendeur dans les boutiques de friperie Ding Fring du Relais. Alors, s’il y en a bien un qui en connaît un rayon sur le sujet, c’est lui. Le problème, c’est que ces articles de mauvaises qualités sont difficilement revendables ou réemployables.

Ainsi, pour l’entreprise recyclant plus de 50% du textile de toute la France, les comptes ne sont pas bons. "Le Relais, ça reste une entreprise, par exemple, sur le site d’Acigné, nous sommes 200 salariés, et il faut bien qu’on soit payé. Pour ça, il faut qu’on puisse réemployer les vêtements que nous collectons. Tous les vêtements qui sont abîmés ou tachés, ne peuvent pas être vendus dans nos magasins Ding Fring. Sauf que vous imaginez bien que l'article Shein, s'il est porté de 2 à 3 fois, ça va être compliqué, voire impossible de le revendre et de lui donner une deuxième vie", relate l’homme son gilet jaune sur le dos, au milieu d’une montagne de manteau.

Tous les jours, plus de 30 tonnes de vêtements sont triés à Acigné.
Tous les jours, plus de 30 tonnes de vêtements sont triés à Acigné.
Crédit : Adrien Michaud
Jean-Luc Veronneau, responsable des ressources humaines au Relais

 

Des problèmes à la chaîne

Ce n’est pas tout, la part grandissante de vêtements de fast fashion, dans les 32 à 34 tonnes de textile triées à la main tous les jours à Acigné, pose un autre problème. Dans les multiples activités du Relais, il y existe la production de Métisse. Un isolant conçu à partir de vêtements recyclés majoritairement en coton, qui fonctionne comme isolant thermique et acoustique pour le bâtiment.

Ce qui n’est pas possible avec les textiles de la société chinoise Shein, qui détient le record d’utilisation de produits nocifs pour la santé et dont les vêtements sont des assemblages de polyester, d’acrylique, ou polyamide, des matières artificielles synthétiques dérivées du pétrole. "Il faut acheter des vêtements de qualité pour qu’ils soient réemployés", constate finalement Jean-Luc Veronneau.

 

Tous les vêtements sont triés à la main.
Tous les vêtements sont triés à la main.
Crédit : Adrien Michaud