5 questions à Mehdi Friha, président de SOS Médecins à Brest

Publié : 29 avril 2025 à 10h43 par Marie Piriou avec AFP

Des manifestations sont annoncées un peu partout en France contre la proposition de loi sur la régulation des installations de médecins afin de lutter contre les déserts médicaux. Toutes les associations SOS Médecins de France sont également fermées.

SOS Médecins à Brest garde portes closes ce mardi toute la journée.
SOS Médecins à Brest garde portes closes ce mardi toute la journée.
Crédit : Capture d'écran | Google Maps

Après la grève des médecins contre la proposition de loi sur la régulation des installations de médecins dans les déserts médicaux, des manifestations ce mardi 29 avril. Étudiants en médecine, internes et médecins feront partie des cortèges.

Précisons également que toutes les associations SOS Médecins de France sont fermées.

Entretien avec Mehdi Friha, président de SOS Médecins à Brest.

 

SOS Médecins est en grève ce mardi. Quelles en sont les raisons ?

Il y a un mouvement de contestation nationale contre une proposition de loi initiée par monsieur Garot qui est passée en première lecture à l’Assemblée nationale et qui souhaite réguler l’installation des nouveaux médecins sur le territoire pour essayer de répondre à la pénurie de médecins. On a décidé de montrer notre désaccord à cette proposition de loi en suivant le mouvement d’appel à la fermeture des cabinets. Toutes les associations SOS Médecins de France sont donc fermées ce mardi toute la journée.

 

Quelles sont vos revendications, concrètement ?

C’est de défendre, déjà, la liberté d’installation, qui est la base de la médecine libérale. Et d’autre part, de montrer notre désaccord à cette soi-disant solution à un problème dont tout le monde est conscient, nous les premiers. On fait face à une grosse demande de soins, consécutive à la pénurie de médecins. Mais on essaie d’expliquer que le problème n’est pas une mauvaise répartition des médecins mais bien une pénurie sur tout le territoire national. C’est-à-dire dans les zones rurales qui sont en général imaginées comme étant déficitaires en médecins mais aussi dans les zones urbaines, Brest et Quimper dans le Finistère mais aussi Paris, Marseille et Toulouse, à l’échelle nationale.

 

Ce projet de loi, vous n'en voulez vraiment pas ?

Vraiment pas ! C’est vraiment à l’antipode de la médecine libérale. C’est vraiment un état d’esprit qui ferait passer les médecins pour des capricieux, peut-être en voulant défendre leurs conditions, leurs privilèges comme on peut entendre quelques fois. Mais les médecins sont très impliqués dans le soin. On fait ça par vocation et on a tous à cœur de répondre aux problématiques avec les capacités qu’on a chacun individuellement. Dans nos associations, on a un peu plus de pouvoir parce qu’on est une association justement. Mais je ne crois pas qu’il y ait vraiment des médecins "tire-au-flanc" comme on a pu entendre parfois. C’est quand même dommage d’avoir cette image-là.

Il y a déjà une espèce de crainte de l’installation de la part des jeunes médecins sortants de la fac. Je pense qu’il faut davantage les inciter à s’installer que de les contraindre à faire ci ou ça. On craint aussi que d’autres contraintes arrivent derrière.

 

Justement que craignez-vous avec la loi Garot ?

On craint que cela démotive les jeunes médecins à s’installer finalement. Parce que si on leur dit : "vous ne vous installerez pas à Brest", par exemple, mais à Châteaulin ou dans une autre commune où le médecin n’avait pas prévu de s’installer, au final il peut renoncer à son installation et chercher un autre mode d’exercice, ici ou ailleurs. Alors qu’on aurait besoin de lui, y compris à Brest.

 

Quelle est donc la solution, selon vous, pour lutter contre les déserts médicaux ?

La solution de deux jours par mois de François Bayrou a été proposée par des syndicats. Elle est encore une fois retravaillée par le 1er ministre et présentée comme une contrainte, chose qui contrarie aussi les médecins, surtout sur la manière. Peut-être qu’on peut imaginer un certain avantage à libérer du temps pour aller dans une zone où, effectivement, il y a des difficultés. Maintenant ce n’est pas si simple que cela. C’est un peu déshabiller Pierre pour habiller Paul. Mais pourquoi pas, il faut y réfléchir. Nous, à notre niveau, nous l’avons déjà fait à Châteaulin, par exemple.

 

Retranscription par Mikaël Le Gac