L’éolien en mer et la pêche peuvent cohabiter selon une vaste étude menée en Bretagne

Publié : 3 juin 2025 à 18h11 par Adrien Michaud

La région Bretagne a dévoilé, ce mardi 3 juin, une grande étude montrant que la pêche professionnelle et les parcs éoliens en mer peuvent évoluer main dans la main.

Bagarre à bord d’un bateau de pêche finistérien
Crédit : Illustration Pexels

Il s’agit d’une grande première en Bretagne et même en France. Ce mardi 3 juin, la région a dévoilé une importante étude d’une centaine de pages sur la possible cohabitation entre la pêche et les éoliennes en mer.

En Bretagne, comme sur toutes les façades maritimes françaises, ces derniers temps, le débat entre l’avenir de cette filière et le développement des énergies renouvelables en mer fait l’objet de nombreuses questions. "Notre inquiétude était la suivante : est-ce qu’en développant autant d’éoliennes au large de nos côtes, pour répondre aux enjeux de la transition écologique, nous n’allions pas porter atteinte à la pêche ? C’est pourquoi nous avons commandé cette étude", raconte Daniel Cueff, vice-président de la Région Bretagne, en charge de la mer et du littoral.

Et après neuf mois de recherches menées conjointement par le bureau d’études et de conseil du secteur de la pêche Meresco, l’Université Technique du Danemark et l’entreprise Innosea, spécialisée dans l’éolien marin, le constat est le suivant : la pêche traditionnelle et l’éolien flottant sont compatibles. "Nous nous sommes basés sur différentes études de cas de cohabitation sur plusieurs sites en Europe. Comme aux Pays-Bas, en Irlande, au Royaume-Uni, en Norvège, ou encore sur le retour d'expérience de la Baie de Saint-Brieuc", dépeint Aude Relot Stirnemann, directrice de Meresco, l’organisme en charge de mener à bien ces recherches.

 

Une étude réalisée en lien avec les pêcheurs

Pour arriver à ces conclusions, les différents acteurs se sont aussi nourris d’échanges avec les pêcheurs professionnels pour "avoir une approche très fine des emprises des pratiques de pêche et comprendre au mieux les caractéristiques précises de leurs engins. Ces données, nous avons pu les intégrer à l’étude. Et par exemple, nous sommes arrivés aux résultats que dans de très nombreuses conditions, nous pouvons maintenir la pêche dans les parcs éoliens posés, mais aussi flottants, en créant des couloirs pour les pêcheurs", explique Aude Relot Stirnemann.

Aussi, ces travaux menés depuis juin 2024 ont permis la mise en place de deux outils d'aide à la décision. "Nous avons créé une matrice opérationnelle qui croise les caractéristiques techniques du parc éolien et ses facteurs d'influence sur la coactivité, avec chaque engin de pêche professionnelle recensé. Elle permet de faire évoluer ces facteurs pour donner des conditions favorables de coactivité, en termes notamment de sécurité maritime, et les possibilités de maintien des pratiques de pêches concernées", relate la directrice de Meresco. Un outil en ligne de visualisation du nom de "COPEOLE", a aussi été développé. "Il permet de voir où sont les chevauchements de coactivité entre la pêche et les parcs éoliens", ajoute-t-elle.

 

Une base positive pour l'avenir

Maintenant, il ne reste plus qu’aux pouvoirs publics de mettre, ou non, en place les résultats de cette étude dans la construction des futurs parcs éoliens en mer. "Nous veillerons à ce que l’état prenne en compte cette étude dans les futurs cahiers des charges, car elle est très positive pour l’avenir de l’éolien marin et de la pêche", conclut le vice-président de la région, Daniel Cueff.