Androcur : une Poitevine obtient la condamnation de 3 laboratoires pharmaceutiques
Publié : 3 juin 2025 à 12h28 par Romane HOCQUET avec AFP
Trois laboratoires pharmaceutiques, le médecin ainsi que le pharmacien de Véronique Dujardin ont été reconnus responsables d'un défaut d'information sur les risques de l'Androcur.
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C'est une décision inédite en France. Le tribunal de Poitiers a condamné trois laboratoires pharmaceutiques pour défaut d'information sur l'Androcur, un traitement hormonal.
"C'est un soulagement", réagit Véronique Dujardin qui a débuté ce combat en 2019. Cette Poitevine de 55 ans a pris ce médicament - chaque jour - pendant 21 ans avant de développer des méningiomes, des tumeurs au cerveau. "Si je suis dans cet état, c'est pas la faute à pas de chance, c'est la faute des laboratoires. Cela ne va pas changer mon quotidien, mais au niveau du mental, ça fait du bien de le voir écrit noir sur blanc".
Véronique Dujardin poursuit toujours ses soins, en lien avec des neurologues et un centre antidouleur.
Tumeurs au cerveau
La Poitevine a pris de l'Androcur entre 1991 et 2013 pour traiter un syndrome des ovaires polykystiques. La plaignante a développé des tumeurs non-cancéreuses au cerveau, qui provoquent de graves troubles neurologiques. Elle souffre de troubles de la vue, perte de goût, d'équilibre et d'une fatigue excessive. Des séquelles qui ont des conséquences sur sa vie professionnelle et personnelle. Pour autant, Véronique Dujardin affirme n'avoir jamais été informée des risques de ce traitement par la communauté médicale.
"Un scandale de plus"
Une décision qui pourrait ouvrir la voie à une multiplication des procédures, d'après son avocat, Me Sintès : "Ma cliente n'a pas la seule". L'Androcur a été prescrit à partir de 1980 à de très nombreuses femmes pour traiter les problèmes d'acné, de pilosité ou pour soulager les symptômes de l'endométriose. "C'est un scandale de plus, après la Dépakine, le Mediator... ça suffit, on ne peut plus accepter d'un laboratoire qu'il reste muet pendant des années au détriment de la santé des personnes !", tonne l'avocat. De très nombreux autres dossiers sont en cours au civil.
Bayer, Sandoz et Viatriz - reconnus responsables à 97% par le tribunal - sont condamnés à verser 325 000 euros à la Poitevine, dont 20 000 euros pour le préjudice moral et 305 000 euros pour la perte de chance.
Le groupe Bayer a annoncé qu'il ferait appel de la décision. "Le début d'un autre combat", pour Véronique Dujardin, prête à aller jusqu'à la Cour de cassation.