Bretagne : elle transforme des maillots de foot en corsets

29 novembre 2022 à 12h29 par Marie Piriou

En plein cœur du Mondial de foot, coup de projecteur sur une créatrice de mode. Maï Jarach confectionne des corsets à partir de maillots de foot usagers.

Les corsets de Maï Jarach seront bientôt mis en vente.
Les corsets de Maï Jarach seront bientôt mis en vente.
Crédit : DR

Elle s’appelle Maï Jarach, elle a 19 ans et elle vient de lancer un concept innovant : créer des corsets à partir de maillots de foot usagers.

C’est ce qu’on appelle de l’upcycling. La jeune créatrice a débuté son activité dans le garage de sa grand-mère, dans le Finistère, à Trégunc. Entretien avec Maï Jarach.

 

Comment est née cette idée de transformer des vieux maillots de foot en corsets pour femmes et hommes ?

L’idée est venue de mon amour pour la seconde main et pour l’upcycling. Ma petite sœur joue au PSG et elle avait plein de vêtements usés. Je me suis dit que c’était une bonne idée de faire une collection en réutilisant tous ses vêtements tâchés et troués des saisons dernières afin d’intégrer une école de mode.

 

Quelles sont les particularités et les spécificités de vos corsets ?

Mes corsets sont réalisés à partir de maillots taille enfant de préférence pour réduire les chutes. Ils sont faits à partir de matériaux très confortables, il n’y a pas du tout le côté corset "restrictif ". Les baleines par exemple sont très souples. Les corsets sont en taille unique et s’adaptent vraiment à toutes les morphologies.

 

Votre idée de base, c'était vraiment de faire de l'upcycling ?

Oui parce que je consomme uniquement de la seconde main depuis quelques années. Je me suis dit que ça ne servait à rien d’investir dans du tissu en sachant qu’on a beaucoup de choses à réutiliser.

Un exemple de corset.

Quel est votre parcours, en quelques mots ?

Après avoir terminé le lycée, j’ai fait un an de psychologie et c’est durant cette année-là que me sont venues toutes ces idées de corsets maillots de foot. Ensuite, j’ai décidé de me réorienter en école de mode dans laquelle je suis depuis trois mois maintenant. Cette école m’aide à développer ma marque.

 

Vous avez toujours voulu travailler dans le milieu de la mode ?

Mes parents étant tous les deux dans le milieu artistique, j’ai pratiqué beaucoup d’activités différentes. Mais c’est vrai qu’à chaque fois c’est la mode qui m’attirait le plus.

 

Durant l'été dernier, vous avez confectionné des corsets dans la cave de votre grand-mère à Trégunc (29) ?

Oui j’en avais fait onze dans la cave de ma grand-mère. A ce jour, j’ai confectionné une vingtaine de corsets.
Je réalise les corsets toute seule de A à Z. Que ce soit la recherche des matériaux, parce que cela prend beaucoup de temps aussi de trouver les maillots, jusqu’à la finalisation et même les œillets au marteau. Je fais vraiment tout toute seule.
Transformer un maillot de foot en corset, ça me prend en moyenne 6 à 8 heures selon la difficulté que me pose le maillot de foot.

Les corsets sont aussi à destination des hommes.

Pouvez-vous nous détailler un peu le processus de fabrication ?

Pour transformer un maillot de foot en corset, je commence par décomposer le maillot de foot, réfléchir à quelles parties du maillot de foot je vais placer et à quel endroit, parce que c’est ça aussi l’upcycling. Ensuite, je cherche les éléments complémentaires pour qu’ils soient complétement assortis au maillot. Pour finir, je l’assemble et je rajoute mon étiquette qui est faite avec les étiquettes de lavage des maillots aussi, toujours dans l’upcycling. Je lace le ruban et le tour est joué.

 

A qui s’adressent vos corsets ?

A qui veut les porter ! Je montre plusieurs exemples de corsets sur mon compte Instagram Madeinmai. Ils s’adressent aussi bien aux femmes qu’aux hommes. Je veux que ce soit vraiment quelque chose qu’on puisse s’approprier.

 

Vos corsets ont également tapé dans l'œil de Youssouf Fofana, le directeur artistique de la marque parisienne Maison Château Rouge. Comment a-t-il découvert votre travail ?

J’ai rencontré Youssouf Fofana lors d’une exposition qu’il avait organisée à l’issue de sa collaboration avec Nike pour expliquer leur processus créatif. Je me suis rendue à l’exposition avec l’un de mes corsets et il est venu me parler pour me demander où j’avais trouvé le corset que je portais. En fait, ça lui a beaucoup plu. A l’issue de cette conversation, il m’a proposé d’en faire plusieurs et d’essayer de les commercialiser à La Passerelle à Paris sous la direction artistique de Maison Château Rouge, la marque de Youssouf Fofana. Ils seront disponibles à la vente à partir de début décembre.

 

Cette rencontre avec Youssouf Fofana a changé quoi ?

Cette rencontre m’a donné confiance en moi. Puisque c’est vrai que, au départ, je ne me destinais pas à la mode même si j’adorais ça, je pensais que c’était juste une passion. Je me suis rendue compte d’une certaine légitimité que je pouvais avoir à entrer dans ce milieu. En plus de ça, c’est surtout une visibilité et une aide énormes aussi parce que c’est quelqu’un de très généreux qui m’épaule dans la création de ma marque.

Quelques unes des créations de Maï Jarach.

Combien coûte l'un de vos corsets ?

Les corsets coûteront 120 euros. C’est un tarif qui a été calculé par rapport aux nombres d’heures de travail et aux coûts des matériaux. Cela me permet à peine de refaire un corset, il n’y a pas de profit particulier. Tous les corsets sont au même prix. Peut-être que lorsque je développerai d’autres choses, cela changera, mais pour le moment les prix sont uniques.

 

Entretien retranscrit par Mikaël Le Gac