Donald Trump déconseille le paracétamol aux femmes enceintes pour risque d'enfant autiste : vrai ou faux ?

Publié : 23 septembre 2025 à 12h24 par
Tom Briot - Journaliste

Tom Briot vous informe chaque jour sur alouette.fr.

Ce lundi 22 septembre, Donald Trump a créé la polémique lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche consacrée à l’autisme.

Trump
Crédit : capture d'écran X @realDonaldTrump

Le président américain a appelé les femmes enceintes à éviter le paracétamol, affirmant qu’il augmenterait le risque d’avoir un enfant autiste. Une déclaration choc qui suscite inquiétudes et indignation du côté scientifique.

Le paracétamol, connu sous les noms Doliprane ou Dafalgan en France, Tylenol aux États-Unis, est l’un des médicaments les plus prescrits au monde. Mais ce lundi, Donald Trump a recommandé de l’éviter pendant la grossesse.

"N’en prenez pas et n’en donnez pas à votre bébé", a-t-il insisté devant les journalistes. Et d’ajouter : "Selon une rumeur — et j’ignore si c’est le cas — ils n’ont pas de paracétamol à Cuba car ils n’ont pas de quoi s’en offrir, et ils n’ont quasiment pas d’autisme."

Le président des États-Unis ne s’est pas arrêté là : il a également remis en cause les vaccins, affirmant que "les personnes qui ne se faisaient pas vacciner et ne prenaient pas de médicaments n’avaient pas d’autisme".

 

Des propos jugés dangereux

Rapidement, les spécialistes ont dénoncé une sortie infondée. "Les propos du président sont dangereux et truffés de fausses informations", alerte Arthur Caplan, professeur au NYU Langone Medical Center, auprès de l’AFP.

Selon lui, cette déclaration risque de provoquer "un sentiment de culpabilité chez les femmes enceintes qui ont pris du paracétamol" et de leur donner l’impression d’avoir "laissé tomber leur bébé".

 

Que dit la science ?

Depuis plusieurs années, des chercheurs se penchent sur un éventuel lien entre prise de paracétamol pendant la grossesse et les troubles du développement neurologique, dont l’autisme. Mais les résultats restent contradictoires.

L’une des difficultés est de faire la part entre les effets du médicament et ceux des maladies qui poussent à le prendre. Par exemple, une simple fièvre peut accroître certains risques de retard ou de troubles neurologiques chez l’enfant.

Des études internationales viennent renforcer ce constat. En Suède, des chercheurs ont analysé les données de 2,5 millions d’enfants nés entre 1995 et 2019. Résultat : parmi les enfants exposés au paracétamol in utero1,42 % ont développé un trouble du spectre autistique, contre 1,33 % chez les non-exposés. Une différence jugée très faible donc, par l’épidémiologiste Viktor Ahlqvist, co-auteur de l’étude.

 

Verdict : faux

À ce jour, l'OMS affirme qu'il n'y a aucun lien entre le paracétamol et l’autisme. Pour les femmes enceintes, le paracétamol reste donc le médicament recommandé en cas de douleur ou de fièvre, les alternatives comme l’ibuprofène ou l’aspirine étant contre-indiquées.

 

Avec AFP