Fonderie de Bretagne : "Il est prêt à nous reprendre dans des usines Renault. Mais la première est à 500 kilomètres !"

Publié : 5 février 2025 à 11h43 par Marie Piriou

Quel avenir pour la Fonderie de Bretagne, dans le Morbihan, à Caudan ? Les syndicats sont révoltés après l’audition ce mardi 4 février, à l’Assemblée nationale, du directeur général de Renault, le principal client de la Fonderie.

La Fonderie de Bretagne à Caudan.
La Fonderie de Bretagne à Caudan.
Crédit : Site Internet | groupe Renault.com

Le directeur général de Renault, principal client de la Fonderie de Bretagne à Caudan, a été auditionné ce mardi 4 février à l’Assemblée nationale, alors que l'entreprise morbihannaise a été placée en redressement judiciaire il y a une dizaine de jours.

Luca de Meo a promis un emploi dans l’un des sites Renault à chacun des 300 salariés de la fonderie, si cette dernière venait à fermer définitivement ses portes. Sauf qu’il n’y a pas d’usine Renault à moins de 500 km de Caudan.

Entretien avec Maël Le Goff, délégué CGT à la Fonderie de Bretagne.

 

Que ressort-il de l’audition de Luca de Meo, directeur général de Renault Group, à l’Assemblée nationale ?

Ce qu’il en ressort, c’est que monsieur de Meo est dans la provocation et dans le mensonge, tout simplement. Toutes les questions posées par les députés, il y a répondu à côté et il a menti sur les chiffres. Il a menti sur beaucoup de choses.

 

Quel est votre sentiment après cette audition ?

Nous sommes révoltés ! Révoltés face aux réponses de monsieur de Meo qui n’est pas capable d’avouer qu’il délocalise notre production. Il a dit que nous n'arrivons pas à nous diversifier, alors que nous avons déjà huit potentiels futurs clients, et pas des moindres. Je vais être mal poli mais il se fout de notre gueule, il se fout de la gueule de tout le monde. Il s’est moqué aussi des députés qui lui posaient des questions. Il pense qu’il est au-dessus de tout et il se permet de jouer avec 300 salariés quand il dit qu’il faut restructurer. Il est prêt à nous reprendre dans des usines Renault. Mais la première usine Renault est à 500 kilomètres de Caudan. Donc vous voyez bien le cynisme.

 

Luca de Meo a évoqué un échec du management de la Fonderie de Bretagne lors de son audition. Qu’avez-vous à lui répondre ?

Quand il parle de mauvais management de l’entreprise, cela nous fait bien marrer. Parce que le dernier directeur qui a voulu fermer l’entreprise, c'est Jean-Luc Bois. S'il était si mauvais que ça, pourquoi est-il désormais directeur de l’usine Renault du Mans ? Quand on est mauvais, on ne passe pas d’une usine de 300 salariés à une usine de 2.000 salariés en tant que directeur. Ce ne sont que des mensonges.

 

Quelles étaient les réponses que vous attendiez ?

Il y a eu un repreneur potentiel qui s’en est allé parce qu’il n’avait pas de visibilité sur les volumes Renault. Jusqu’au 4 mars, il peut y avoir des offres de reprises. Si Renault ne donne pas de visibilité, comment un repreneur peut-il se positionner ? C’est impossible pour un futur potentiel repreneur de venir sans savoir ce que Renault va faire avec la Fonderie de Bretagne en termes de commandes.

Il y a plus de 50 ans de lien entre la Fonderie de Bretagne et Renault. Cette usine a été construite pour Renault, par Renault. La diversification se fait en deux, trois, quatre ans. On a besoin que Renault nous accompagne pendant ce temps-là. On ne leur demande pas de nous mettre le même volume que l’on avait avant, mais qu’ils nous accompagnent pour qu’un repreneur puisse s’installer tranquillement et puisse aller vers la diversification.

 

Vous êtes déçus des réponses du patron de Renault ?

Pas déçus parce que nous connaissons le personnage, nous nous y attendions mais nous sommes révoltés. Parce que nous ne pensions pas qu’il avait autant de cynisme. Et il continue, même devant des députés français.

Nous aimerions qu’il vienne voir la Fonderie de Bretagne, ce qu’il est en train de sacrifier. Et nous souhaiterions aussi faire un face-à-face sur un plateau télé avec lui pour démonter ses mensonges les uns après les autres.

 

Le combat continue ? Des actions seront-elles menées ces prochains jours ?

Complètement ! Nous allons nous réunir avec les salariés d’ici la fin de la semaine et nous allons décider des actions à mener. C’est un mois crucial qui se présente à nous, nous n’allons rien lâcher et nous allons continuer.

 

Retranscription par Mikaël Le Gac