Grippe aviaire : un Noël sans volaille ni foie gras ?

Des routes coupées, des agents en combinaison blanche et des fermes sous surveillance. Depuis un mois, la grippe aviaire regagne du terrain en Vendée : neuf foyers confirmés, dont cinq la semaine dernière. Deux aux Achards, un à Coëx, un à Saint-Julien-des-Landes, un autre à La Boissière-de-Montaigu. Ce mardi 11 novembre, un foyer à risque a encore été détecté à Vairé.

Un virus qui rôde à nouveau

L’objectif des autorités est clair : endiguer la propagation du virus. La direction départementale de la protection des populations (DDPP) a mobilisé ses équipes tout l’après-midi. Le virus, hautement pathogène, se propage vite dans les élevages de volailles. Les opérations de dépistage et d’abattage préventif se multiplient. "Quand on a connu les crises précédentes, on est toujours inquiet", confie Brice Guyau, président de la FNSEA 85.

Trois grues cendrées porteuses de la grippe aviaire ont été retrouvées mortes en Charente et dans l’Indre ces dernières semaines. Mi-octobre, une basse-cour a été infectée à Marans en Charente-Maritime. Le mois dernier un cas de grippe aviaire dans un élevage de dindes à Nort-sur-Erdre en Loire-Atlantique.

" On croise les doigts pour Noël "

Dans les exploitations, l’inquiétude est palpable. Car les volailles festives, comme les chapons ou les dindes, sont déjà en cours d’élevage depuis l’été. Un virus qui circule maintenant, c’est une épée de Damoclès à quelques semaines de Noël.

"Le nombre de cas augmente et on sait très bien l’impact que ça pourrait avoir », souligne Brice Guyau. « Les chapons, c’est plus de cent jours d’élevage. Ils sont déjà en place depuis juillet-août."

Si les éleveurs ont tiré les leçons des précédentes épidémies, vaccination, biosécurité renforcée, surveillance accrue, la peur demeure. Le canard reste aujourd’hui l’espèce la plus touchée. Mais tous espèrent éviter un nouvel abattage massif. "On va croiser les doigts pour que tout aille jusqu’au bout", glisse-t-il, prudent.

La faute aux oiseaux migrateurs

Les autorités sanitaires, elles, surveillent de près le flux migratoire des oiseaux sauvages. Chaque automne, des milliers d’entre eux descendent du nord de l’Europe vers l’Afrique. Portant parfois le virus, ils se posent sur les plans d’eau à proximité des élevages. "C’est par voie aérienne", explique Brice Guyau. "Le vent et la pression font rentrer le virus dans les bâtiments."

Ce transport invisible rend la lutte complexe. Le virus mute, se transforme, comme la grippe humaine. "On essaye d’adapter les vaccins aux nouvelles souches, comme pour les humains", poursuit-il. Les professionnels restent mobilisés, "on est tous sur le pont, " assure l’éleveur, FNSEA, chambre d’agriculture, jeunes agriculteurs. Dans les campagnes vendéennes, on retient son souffle… en espérant que le virus ne gâche pas les fêtes.