La Rochelle : des entreprises au bord de la faillite après l'interdiction des locations de bateaux type Airbnb

Publié : 6 août 2025 à 16h09 par
Romane Hocquet - Journaliste

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Depuis le 1er juin, il est interdit de louer des bateaux comme hébergement touristique dans le port des Minimes.

Port des Minimes
Crédit : JM Rieupeyrout-Grand Pavois

Dans le port des Minimes de la Rochelle, plusieurs entreprises sont menacées de liquidation. Depuis le 1er juin, elles ne peuvent proposer leurs bateaux comme hébergement touristique. Une interdiction qu'elles ont décidée de contester devant le Conseil d'Etat.

Même en plein mois d'août, les pontons du port des Minimes, le plus grand port de plaisance d'Europe, sont bien vides. Comme le bureau de Florent Fouchet, gérant de La Rochelle sur l'eau. "Cette interdiction représente 70% de perte sur l'année 2025. On a plusieurs activités, mais l'avantage de l'hébergement à flot permettait d'amortir les batzaux sur une durée plus longue, par rapport à la location de bateau en navigation qui se fait sur une plus courte période". 

 

"70% de perte"

Un manque à gagner pour tous les professionnels du port, qui se sont regroupés en association, "Cap Nautique". Ils ont décidé de contester cette décision devant le Conseil d'Etat qui a jugé leur dossier admissible pour un pourvoi en cassation. Leur dossier sera examiné dans les prochains mois. Une décision qui fera jurisprudence pour les autres ports concernés : celui des Minimes est le plus grand port de plaisance d'Europe.

 

Un camping sur l'eau

L'interdiction est inscrite dans le règlement de police et dans le règlement d'exploitation du port. Dans le journal Sud-Ouest, le maître de port principal aux Minimes, Patrice Bernier explique cette décision "en raison des nuisances que cela provoquait pour tous les autres usagers du port, notamment à cause de la sur-utilisation des blocs sanitaires dont l'hygiène se dégradait". Florent Foucher reconnaît des abus de la part de certains vacanciers mais explique n'avoir reçu aucune plainte de son côté. 

La Rochelle sur L'eau
En cas d'impasse, Florent Fouchet envisage de quitter le port de La Rochelle.
Crédit : Romane Hocquet

120 à 150 bateaux concernés

"On n'a pas compris pourquoi l'interdiction avait été actée aussi brutalement. On aurait pu améliorer notre travail, en faisant contrôler nos bateaux régulièrement, comme un hôtelier. On aurait préféré trouver une solution alternative surtout qu'on ne représente que 32 bateaux en hébergement - sur les 5 000 des Minimes. On est donc loin de transformer le port en camping !" De nombreux particuliers louaient aussi leur embarcation comme des meublés de tourisme. Environ 120 à 150 bateaux seraient donc concernés.

 

Une interdiction contre-productive ?

La mairie - non plus - ne compte pas se laisser faire. Lors du conseil municipal du 30 juin, le conseil municipal a voté l'autorisation à se défendre en cassation. Marie Nédellec - adjointe en charge des meublés de tourisme - dénonce la croissance exponentielle des locations type Airbnb dans la ville. Pour Florent Fouchet, cette interdiction sera contre-productive : "Ces bateaux auraient permis de déplacer la pression sur le Airbnb en ville vers le port. Maintenant, il faut se demander où vont loger les touristes pendant de grands événements ? Sans l'option du port, ils vont se concentrer en centre-ville donc la tension sera encore plus grande." 

"Cela remet en question notre structure. Si l'on perd en Cassation, je pense que l'on déménagera de La Rochelle", regrette Florent Foucher qui a déjà vendu tous les bateaux utilisés comme locations touristiques.