La ville d’Angoulême interdit à ses habitants de ne pas bouger dans le centre-ville

19 juillet 2023 à 12h48 par Oscar Lebreton

S’asseoir sur un banc public en mangeant une glace est désormais un rêve d’antan à Angoulême.

La ville d’Angoulême interdit à ses habitants de ne pas bouger dans le centre-ville
Crédit : Envato - DR

Depuis ce mardi 11 juillet, la mairie d’Angoulême interdit à toute personne de rester assis, de s’allonger ou d’être debout "sans bouger" dans les rues de son centre-ville.

Rester statique est désormais proscrit dans la capitale charentaise, sous peine de trente-cinq euros d’amende, pouvant aller jusqu’à 150€ en cas de récidive. À croire que c’est un jeu, il s’agit en fait du nouvel arrêté annuel qui plane au-dessus de son centre-ville. L’objectif étant de lutter contre "l’occupation abusive de l’espace public".

Relayé par France Info, l’arrêté souligne l’interdiction de "toute occupation abusive et prolongée des rues et autres espaces publics". Avant de préciser qu’il concerne les individus "regroupés, de manière immobile ou peu mobile, n’étant pas en transit et générant des nuisances qui troublent la tranquillité des passants ou des riverains".

 

Les "marginaux" dans le viseur

Tapages injurieux, rixes, dégradations… c’est le quotidien dont sont victimes de nombreux Angoumoisins, à l’origine de nombreuses plaintes. De ce fait, cet arrêté décrété ne vise pas les mendiants, mas les "marginaux", souvent accompagnés de leurs chiens violents et de leurs bouteilles d’alcool sur la voie publique. Cette mesure, "c’est un moyen de dire : bougez ou partez ou comportez-vous différemment" avance Jean-Philippe Pousset, adjoint au maire de la ville d’Angoulême. De quoi "assurer la sécurité de la ville" selon l’élu charentais.

L’arrêté est applicable toute l’année dans tous les lieux accessibles à la circulation publique, de 10h à 21h de novembre à mars et de 10h à 2h du matin d’avril à octobre.

 

Un arrêté polémique

Cet arrêté a subi une pluie de critiques, surtout par la Ligue des Droits de l’Homme qui a déposé un recours en annulation concernant ce texte anti-précaire. Ce dernier "vise à chasser du centre-ville les personnes en situation de précarité et contrevient aux libertés fondamentales" s’indigne François-Xavier Corbel, responsable du service juridique de l’association. Cet arrêté très contesté pourrait alors être suspendu. Il fera l'objet d'une audience le 1er août prochain.

En 2014, Angoulême avait également été au cœur d’une polémique similaire, lorsque la mairie avait grillagé certains bancs publics. Le but étant d’empêcher les sans domicile fixe de s’y poser ou d’y dormir.