Le chômage encore en légère baisse au deuxième trimestre
27 juillet 2022 à 14h11 par Arnaud Laurenti
-0,8% par rapport au trimestre précédent.
Légère baisse, mais baisse quand même: après plusieurs trimestres de forte diminution, le nombre de demandeurs d'emploi a enregistré un recul de 0,8% en France (hors Mayotte) au deuxième trimestre, à 3,165 millions, le marché du travail continuant à résister aux incertitudes économiques.
Au deuxième trimestre, le nombre de chômeurs inscrits en catégorie A (sans activité) recule de 26.900, selon les chiffres publiés mercredi par la Direction des statistiques du ministère du Travail (Dares). Sur un an, la baisse est de 15,1%.
La décrue se poursuit ainsi au deuxième trimestre, mais ralentit nettement, avec même une légère hausse pour le seul mois de juin (+12.400 soit +0,4%, après -25.300 soit -0,8% en mai). Les derniers résultats trimestriels publiés fin avril avaient fait état d'une forte baisse de 5% en catégorie A (-170.000 inscrits), après une baisse du même ordre au trimestre précédent (-5,7%) et au troisième trimestre 2021 (-5,5%).
Cessations d'inscription
Au deuxième trimestre, en incluant l'activité réduite (catégories B et C de Pôle emploi), le nombre de demandeurs d'emploi est en baisse de 1,7% (-8,9% sur un an) et s'établit à 5,436 millions, selon la Dares.
"Le nombre de demandeurs d'emploi continue de diminuer !", s'est aussitôt félicité le ministre du Travail Olivier Dussopt, notant sur Twitter que le nombre d'inscrits en catégorie A, B et C "baisse sensiblement".
Pour l'économiste à l'OFCE Mathieu Plane, "le marché du travail continue à résister plutôt pas mal", malgré la dégradation de la conjoncture économique sur fond de guerre en Ukraine.
Mais, dit-il à l'AFP, "il y a quand même des signaux qui sont un peu moins positifs" : dans le flux de sorties des inscrits à Pôle emploi qui s'expliquent par les reprises d'emploi "il y a une forte baisse" (-14,2% en catégorie A, B et C) et "une partie non négligeable de la baisse du chômage s'explique par les cessations d'inscription" (45,5% des motifs de sortie de catégorie A, B et C, +6%).
"Scénario de tassement"
"On voit qu'on a un scénario de tassement sur le marché du travail qui est en fait la reconnexion avec l'environnement macro-économique, car jusqu'à présent la surprise c'est qu'on avait plutôt un chômage qui baissait, beaucoup de créations d'emploi, avec un croissance qui se tassait", dit-il.
"On est sur cet atterrissage, on commence à rentrer sur un plateau" en ce qui concerne le chômage, poursuit l'économiste.
L'exécutif s'est néanmoins fixé pour objectif d'arriver au plein emploi d'ici à 2027, ce qui implique un taux de chômage autour de 5%, contre 7,3% actuellement.
Il compte notamment sur plusieurs "leviers" pour y arriver, dont la transformation de Pôle emploi en "France Travail", une forme de guichet unique pour mieux accompagner ceux qui ont vocation à retourner à l'emploi.
Il entend aussi "aller plus loin" sur la réforme de l'assurance chômage, avec une concertation sur sa gouvernance mais aussi via la modulation des indemnisations en fonction de la conjoncture, avec des règles "plus dures" quand le marché crée des emplois et "plus protectrices" quand il y a des difficultés, à l'image du modèle canadien.
Dans un premier temps, le premier projet de loi au menu des parlementaires au retour de la trêve estivale à partir de début octobre doit permettre de prolonger les règles actuelles de l'assurance chômage, qui expirent le 31 octobre.
Il s'agit de "permettre à cette réforme de continuer à produire ses effets positifs et réfléchir à l'étape d'après", a expliqué M. Dussopt dans une interview au journal Le Parisien publiée mardi soir, insistant sur la nécessité "d'aller plus loin".
Sur la modulation, sujet qui sera abordé "dès la rentrée avec les partenaires sociaux", "des pistes peuvent être ouvertes, sur la durée d'indemnisation et son caractère dégressif", a-t-il souligné.
Malgré ces "leviers", l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a mis en doute la semaine dernière l'objectif de plein emploi d'ici à 2027. L'organisme anticipe ainsi une hausse du taux de chômage à 8% en 2023 et 2024, avant une légère décrue en fin de quinquennat pour atteindre 7,5% en 2027.
(avec AFP)